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appels émouvans qui se pressent dans son livre. « Notre culture (germanique) n’atteindra jamais une maturité véritable si elle n’est éclairée par le soleil sans nuages d’une religion pure et définie. » Au sein des Eglises actuellement constituées, les ennemis du germanisme seuls peuvent être « sincères et par conséquent forts, » tandis que le Germain attend toujours qu’un Dieu descende pour lui du ciel. Il devra donc se façonner enfin une doctrine dont l’essor le dégage des vaines apparences sensibles, en l’élevant au-dessus des étoiles ; dont l’inspiration lui permette de braver en souriant la mort la plus terrible : qui soit « capable d’évoquer l’éternité dans un baiser et d’apporter la Rédemption dans l’espace d’un éclair. » Et les comparaisons amoureuses reviennent encore dans ce couplet décisif : « Si une vigoureuse Renaissance d’idéalisme, à la fois créatrice et spécifiquement religieuse ne se produit pas parmi nous autres Germains, si nous ne possédons plus la force plastique nécessaire pour tirer des paroles et de l’aspect du Fils de l’Homme crucifié, une religion complète, vivante, adaptée à notre caractère, à nos dispositions, à l’état actuel de notre culture : une religion si immédiatement convaincante, d’une beauté si entraînante, si présente, si plastiquement mobile, si éternellement vraie et cependant si neuve que nous devions nous abandonner à elle sans résistance, comme la maîtresse aux bras de son amant, sans paroles, sans hésitation, le cœur plein d’enthousiasme : une religion si bien modelée sur notre essence germanique particulière (que nous savons hautement douée, mais facile à la chute) qu’elle soit enfin capable de s’emparer de nous, de nous ennoblir, de nous fortifier jusqu’au fond de l’âme…[1] » nous reverrons une série de fléaux judaïques et romains que décrit complaisamment notre auteur, et, en un mot, toutes les maladies contagieuses qui ont rongé jusqu’ici l’âme des races pures.

Les couleurs de cette peinture passionnée peuvent surprendre au premier abord, mais on en comprendra mieux la teinte presque sensuelle quand nous aurons pénétré un peu plus avant dans le sanctuaire de la future religion germanique.

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