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REVUE MUSICALE


Théâtre de l’Opéra : L’Étranger, action musicale en deux actes ; paroles et musique de M. Vincent d’Indy. — L’Enlèvement au sérail, opéra-bouffe en trois actes, de Mozart. — Nouveau-Théâtre : Trois auditions de Don Giovanni. — Opéra-Comique : La Reine Fiammette, conte dramatique en quatre actes et six tableaux ; paroles de M. Catulle Mendès, musique de M. Xavier Leroux.


Par la noblesse et la pureté de son idéal, par la valeur technique et morale d’un art qu’il pratique à la fois comme une science et comme une vertu : science profonde et souvent cachée, vertu sévère et même farouche, l’auteur du Chant de la Cloche, de Wallenstein, de Fervaal et de l’Etranger, mérite nos respects. Il est juste de lui rendre sinon tous les honneurs, au moins tous les devoirs. C’était un devoir — qu’il eût fallu plus tôt remplir — de représenter à Paris l’Étranger ; c’est un devoir de l’écouter (je ne dis pas seulement de l’entendre) et de l’étudier avec soin. Il semble même que ce soit un devoir, encore plus qu’une joie, de créer des œuvres comme celle-là et que dans une telle musique la nature ou le génie ait moins de part que la volonté.

Les admirateurs enthousiastes de M. d’Indy, — leur qualité comme leur nombre est loin d’être négligeable, — aiment à le nommer le chef de l’école française. Auber a gardé ce titre autrefois, et longtemps. Il est permis de douter si M. d’Indy le mérite davantage ; mais, à coup sûr, il le porte autrement. Le nouveau chef est impérieux ; il manque d’indulgence. Il nous régit avec un sceptre de fer et, quoi qu’on nous eût promis de son œuvre nouvelle, son joug, depuis sa dernière œuvre, ne s’est point allégé.

Fervaal, il vous en souvient, était fils des nuées. En cela l’Étranger