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une gigantesque classe du soir ! . » Ses contradicteurs demandaient ironiquement : « Le professeur Pearson voudrait-il nous faire croire qu’il y a une science du matin, une science de l’après-midi, une science du soir ? La différence entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur est-elle, selon lui, une question d’heures et dépend-elle de la position de l’aiguille sur le cadran ? » Le professeur Pearson répondit : « Oui, certainement. L’ouvrier, après une journée de fatigue, est hors d’état d’appliquer son esprit à un travail ardu qui demande un cerveau frais et des forces intactes ; il ne peut attendre de la science qu’une heure de distraction intelligente. L’éducation supérieure, pour produire des résultats, exige qu’on se donne à elle tout entier ou, du moins, qu’on lui donne le meilleur de soi. »

Pour résoudre ce problème et mettre d’accord les opinions extrêmes, la commission Gresham fut encore très bien servie par son éclectisme. Elle proposa une Université à plusieurs étages. Elle réunissait dans la même organisation et sous un nom commun des établissemens très inégaux au point de vue du personnel, des programmes et de la clientèle, mais en les laissant à leur place et en leur assignant une représentation proportionnelle et une part d’autorité correspondant à leur importance réelle. L’University Extension serait rattachée à l’Université sans en faire partie intégrante. Le « mouvement » aurait son centre au siège universitaire et on y donnerait, chaque année, des cours qui serviraient de modèles et d’étalons à toutes les conférences de cet ordre. Les écoles secondaires du district seraient placées sous le contrôle de l’Université, qui nommerait des inspecteurs spéciaux et, par le moyen de ces inspecteurs, surveillerait l’enseignement donné par ces écoles, l’unifierait, en quelque sorte, de façon que le certificat de fin d’études (school leaving certificate) fût comme le degré inférieur et la préface nécessaire au brevet d’immatriculation qui donne accès dans l’Université elle-même. De la sorte, il y aurait connexion, continuité, mais non confusion entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur.

L’idée avait été si bien mûrie par les commissaires de 1892 qu’il ne restait plus, semblait-il, qu’à lui donner forme de loi. C’est ce qui fut fait dans le projet soumis par lord Playfair à la Chambre haute. C’était sous le ministère de lord Rosebery et la sympathie du gouvernement était acquise au projet qui passa en première lecture. Par malheur, la dissolution du Parlement