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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre.


Il est un peu tard déjà pour parler des événemens d’Extrême-Orient : tous les journaux les ont racontés. Il y a quinze jours, nous n’avons pu faire qu’une allusion rapide à la grande bataille qui se livrait à Liao-Yang, et aujourd’hui tout ce que nous pouvons en dire, c’est qu’elle s’est terminée au détriment des Russes qui, après une résistance héroïque, ont dû battre en retraite vers le Nord. Quant aux pertes des deux armées, elles ont été effroyables, et, ne fût-ce qu’à ce point de vue, la bataille de Liao-Yang est une des plus importantes qui aient eu lieu depuis longtemps. Malgré cela, elle n’a eu rien de décisif. Les Russes, à la vérité, l’ont perdue, mais c’est la première qu’ils livraient sur terre, et nous avons toujours pensé que c’était sur terre que la question serait réglée.

La supériorité maritime des Japonais était connue, ou du moins soupçonnée, dès l’ouverture des hostilités. Elle devait leur assurer un grand avantage, en leur permettant de transporter leurs troupes par mer jusqu’au nord de la Corée, et d’opérer plus facilement et plus rapidement leur concentration. Cette concentration a été, en effet, facile ; mais on ne peut pas dire qu’elle ait été rapide. Les Japonais ont montré une extrême lenteur dans leurs mouvemens, des tâtonnemens, de l’hésitation. L’armée russe n’aurait pas manqué d’en profiter, si le général Kouropatkine avait eu en main la totalité des forces qu’il espère réunir. Mais il en est encore loin. Quoiqu’il soit difficile d’expliquer leur imprévoyance, les Russes ne s’étaient pas attendus à la guerre et ne l’avaient point préparée. Ils ont dû tout improviser,