Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/646

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réalisés sur les transactions. Ni la bonne foi de l’intéressé, ni son ignorance des règlemens douaniers, ni l’erreur de plume d’un de ses employés ne sont, aux yeux de l’administration russe, des motifs suffisans pour remettre ou diminuer l’amende.

Il est vrai, qu’en dépit de ce régime étroitement protectionniste, le commerce extérieur de la Russie se traduit par un total d’importations et d’exportations très supérieur à ce que peuvent transporter les Compagnies de navigation russes. Celles-ci ne semblent donc pas, à première vue, pouvoir en souffrir. Mais il ne faut pas oublier que ce commerce est presque entièrement entre les mains de Compagnies étrangères, auxquelles il serait téméraire de vouloir l’enlever. Ce n’est pas tout de construire ou d’acheter de nouveaux navires et d’arborer le pavillon russe à leur mât ; il faut encore se préoccuper de leur utilisation. Or, comme le commerce extérieur est, aux trois quarts, entre les mains d’armateurs et d’intermédiaires étrangers, ces navires risquent fort de rester inutilisés, à moins que le mouvement commercial n’augmente. Le premier soin des Russes, s’ils veulent développer leur marine marchande, doit être de lui fournir les moyens de vivre, en déterminant une augmentation des importations, aussi bien que des exportations. Il leur suffit pour cela d’adoucir la rigueur de leurs règlemens douaniers, d’entr’ouvrir plus largement leur porte, et de renoncer à cet esprit de lucre et d’inquisition qui caractérise leur administration. Leur flotte de commerce trouvera alors, sur les marchés étrangers, le fret de retour qui lui fait défaut à l’heure actuelle. En Finlande, où il existe, sous le nom d’ « entrepôt de transit, » quelque chose d’analogue à notre entrepôt réel, et, sous le nom d’ « entrepôt de consignation, » une institution qui rappelle notre « entrepôt fictif, » la marine marchande est, proportionnellement, beaucoup plus développée et beaucoup plus prospère qu’en Russie. Il n’y a pas de raison pour qu’il n’en soit pas de même dans ce dernier pays.

Le gouvernement russe n’attacha longtemps qu’une importance secondaire à la marine marchande. Jusqu’à une date toute récente, son initiative ne s’était guère manifestée que par la création des lignes de navigation les plus urgentes et l’exécution des travaux réclamés par les ports. Dans l’ordre législatif, rien ou presque rien n’avait été fait, en vue d’améliorer les conditions de la navigation sous pavillon russe et de soustraire le