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encombrant, non seulement il a une propension native à restituer au plus vite l’électricité qu’on lui a confiée, mais encore il est terriblement lourd, en ce sens que sa capacité électrique est, par rapport à son poids, si faible qu’on peut dire que se traîner lui-même est son principal souci. Ajoutons l’impossibilité de se ravitailler en route, et on comprendra pourquoi le rayon d’action des électromobiles actuels ne dépasse guère 50 à 60 kilomètres. Mais si le réservoir d’énergie présente d’aussi grands inconvéniens, reconnaissons d’abord que la science, pour l’instant, ne nous offre pas mieux et, qu’en revanche, le moteur actionné, la « dynamo, » est aussi parfait que l’accumulateur l’est peu. Le haut rendement de la dynamo (90 pour 100 en moyenne), sa merveilleuse souplesse, qui rend à peu près inutile tout organe de changement de vitesse, sa forme même, qui réalise ce système rotatif si cher aux ingénieurs (tant il s’adapte naturellement à la locomotion mécanique en général), l’inutilité de tout organe de régulation (car le moteur électrique se règle lui-même), la perfection des appareils qui servent à assurer sa marche, compensent, en effet, à bien des égards, les défectuosités de la source d’énergie. Ils la compensent si bien que dans tous les grands centres où il est possible de se ravitailler en énergie électrique, si coûteux que soit le ravitaillement, l’électromobile est de plus en plus employé. N’oublions pas aussi que ce véhicule est, naturellement, d’une propreté qui supprime bien des frais d’entretien.

On comprend donc, maintenant, les raisons qui ont poussé les Américains, aux courses de Chicago, à donner la médaille d’or à un électromobile et, oubliant les essais de Davenpoort, en 1834, à revendiquer pour un des leurs, Farner, la construction, en 1847, du premier automobile électrique. Mais, comme le fait observer avec raison l’ingénieur italien A. Bibolini, il fallait, pour arriver à un résultat palpable, et l’invention par Pacinotti (1864) et Gramme (1870) des moteurs électriques actuels, les dynamos, et, surtout, la découverte par G. Planté, en 1881, de l’accumulateur à lames de plomb. Toutefois, malgré les efforts de G. Trouvé, Jeanteaud, Volk, de Graffigny, etc., la question de l’électromobilisme sommeilla encore pendant plusieurs années : les progrès accomplis peu à peu dans la construction des accumulateurs et dans les systèmes de distribution de l’énergie électrique finirent par la remettre à l’ordre du jour. En