Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/743

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Sobat, à 200 kilomètres du Nil ; elles échouèrent pour des raisons matérielles et en présence d’obstacles presque insurmontables[1].

2° Décider Ménélik à occuper les territoires revendiqués traditionnellement par l’Abyssinie, vers le Nil. A la fin de 1897, quatre expéditions éthiopiennes commandées par les plus importans personnages ou les plus hauts tributaires de l’Empire opéraient simultanément : le raz Makonnen au Nord, vers les Beni-Chogoul ; à l’Ouest, le dedjaz Tessamma, que devaient accompagner bientôt deux Français de la mission Bonchamps, MM. Faivre et Potter, descendait vers le Sobat ; plus au Sud, le raz Ouedda Ghiorgis ; et enfin, plus au Sud encore, vers le Borana, le raz Habta Ghiorgis, accompagné par un autre de nos compatriotes, M. Daragon. Ces expéditions, réellement puissantes, paraissaient assurées du succès. Mais, là encore, des obstacles dus à la nature marécageuse du sol et au climat pestilentiel s’opposèrent à une expansion si naturelle et si fortement préparée. La révolte « opportune » du raz Mangascha, dans le Tigré, détourna, finalement, l’attention de Ménélik[2].

3° On désirait, surtout, établir entre la France et l’Abyssinie des relations d’amitié et de confiance capables de peser, le jour venu, sur la négociation qui devait décider de l’avenir de ces régions. Sur ce point encore, les instructions furent fidèlement exécutées : un véritable traité d’alliance fut conclu avec Ménélik (20 mars 1897) ; celui-ci affirmait sa volonté de revendiquer, comme frontière occidentale de son Empire, le Nil entre le cinquième et le quatorzième degré Nord. Les principes d’une action commune dans tous les ordres d’idées, commerce, finances, travaux publics, expansion géographique, entente diplomatique, furent établis, et si ces résultats n’eurent pas toutes les suites qu’on en eût pu attendre, encore est-il juste de reconnaître qu’on les avait préparés.

On s’assurait, en somme, par ces diverses tentatives des concours qui pouvaient être de quelque utilité à l’heure décisive. 11 y avait avantage à nouer en faisceau les divers intérêts groupés autour du Nil et du canal Suez qui paraissaient encore, à cette époque, voués à un avenir international.

  1. Vers Fachoda à la rencontre de la mission Marchand. — Mission de Bonchamps, par M. Ch. Michel, second de la mission ; Plon, in-8.
  2. De Caix, Fachoda, p. 241.