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rapides, il succombe, et les lignes de plus grande pente qui matérialisent les hachures des topographes se détachent en raies d’un blanc jaunâtre sur les flancs plus ou moins verdoyans des coteaux d’Oraison et des Mées.

Plusieurs torrens ont été coupés par la voie ferrée : c’est à peine si un filet d’eau humecte leur thalweg et pourtant, à un moment donné, le train ralentit sa marche à cause des travaux de restauration des dégâts qu’un orage récent a causés à la voie et aux bois qui la bordent : ce ne sont qu’arbres déracinés par l’eau, ou arrachés par les blocs de rochers précipités.

Les montagnes de la rive gauche opposée au chemin de fer s’élèvent de plus en plus. Un petit village, l’Escale, se présente entre ces escarpemens et le lit de la Durance beaucoup trop large pour les flots troubles de la rivière. Bien insignifiant, l’Escale annonce cependant la Haute-Provence ; il se compose en effet de quatre ou cinq petits hameaux voisins, mais distincts, et ne rappelle plus l’agglomération unique et resserrée que nous trouvons toujours dans le bas pays. Puis le regard se porte sur un petit bourg pittoresque à aspect assez propre, Volonne, qu’entoure encore une ceinture de vergers d’oliviers.

Depuis Pertuis, deux ponts en pierre franchissent le grand torrent que nous suivons, l’un à Saint-Auban, pour donner passage à l’embranchement de Digne, et l’autre tout récemment inauguré en face d’Oraison. Mais, à Sisteron, la Durance est tellement encaissée que fort anciennement les deux rives étaient déjà soudées par un pont de pierre à une seule arche qui a joué un grand rôle dans l’histoire, car il servit à jalonner l’itinéraire de Napoléon, de Cannes à Grenoble, au retour de l’île d’Elbe.


II

Un peu au-dessous de Sisteron se détache perpendiculairement vers l’Occident une vallée latérale que nous remonterons pendant quelques kilomètres pour rencontrer deux ou trois petites communes que nous étudierons d’un peu plus près parce qu’elles figurent assez bien une moyenne parmi les groupes administratifs du département. Ce n’est pas certes à cause de leur situation centrale, car deux d’entre elles confinent aux Hautes-Alpes, que nous les choisissons ; mais comme climat,