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certains détails ne seraient pas du goût de tous les lecteurs. Mais si le feu purifie tout, il en est de même des rayons du soleil, ces grands microbicides, lors de la dessiccation finale qui provoque une jolie teinte dorée. Ce produit local, s’il est délicieux, est aussi assez cher et ne se vend jamais moins de 3 francs le kilogramme.

Quant aux amandiers, qui de nos jours peuplent encore les coteaux de la zone basse du département, leur culture, d’après l’abbé Papon, auteur provençal de la fin de l’ancien régime, enrichissait déjà certaines communes des diocèses de Sisteron et de Riez de 40 000 écus par an. Il est vrai que souvent des gelées précoces malencontreuses faisaient évanouir ces revenus aléatoires, comme passent les fleurs dont ils tiraient leur origine et dont elles figuraient très bien l’emblème. Néanmoins, depuis lors, l’amandier n’a pas reculé ; dans le cours de l’enquête agricole de 1866, des cultivateurs de Digne ont signalé ses progrès, affirmant en même temps qu’une belle récolte de prunes, faveur exceptionnelle à la vérité, permettait presque au propriétaire de récupérer d’un coup le prix de son bien.

Il y a une autre manière de s’enrichir dans les Basses-Alpes, c’est la « trufficulture » qui fait prospérer diverses communes voisines de cette ville de Riez dont le nom s’est déjà présenté et reviendra encore sous notre plume. De novembre à avril, il s’organise un important marché quotidien de truffes dont le centre est un village nommé Montagnac, perdu assez loin du chemin de fer et rattaché au canton de Riez. La vente, rien qu’à Montagnac, atteint jusqu’à 800 kilogrammes par jour, et la moitié de cette quantité provient de la commune elle-même. Une partie des tubercules ainsi amassés s’expédie en Périgord : faut-il admettre la supériorité des truffes du Sud-Ouest, ou convient-il d’affirmer que, sur la légitime renommée des produits de la Dordogne, une fraction au moins doit équitablement revenir aux truffes de Provence ? Nous n’osons trancher la question. Le reste de la récolte s’envoie aux fabricans de conserves de Carpentras. Sic vos non vobis !

Les gens du pays affirment qu’un pied de chêne truffier peut rapporter jusqu’à 15 et 20 francs par an. Comme les frais d’entretien des truffières et de chasse avec l’animal « qui se nourrit de glands, » suivant l’expression de Delille, ne s’élèvent pas bien haut, il est bon de produire des truffes à Montagnac, surtout les