Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 52.djvu/663

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
GRUNDTVIG
ET LE
RELÈVEMENT DU DANEMARCK AU XIXe SIÈCLE

La renaissance d’un petit pays, ou plus particulièrement d’une population de paysans, par l’école, et, pour préciser, par l’école supérieure populaire, libre, privée : le cas de nos jours a de quoi surprendre et mérite qu’on s’y arrête un moment ! C’est le cas, c’est l’exemple que nous offre une petite nation chère à la France et à qui chère est la France, une nation qui, comme la France, a subi depuis un siècle les plus cruels revers, et qui, du milieu de ces revers, a su se relever, se régénérer de la façon la plus virile et la plus méritoire : je veux dire le Danemark. Il y a près de cent ans, le Danemark émergeait à peine, meurtri et démembré, d’une terrible crise où son existence politique avait failli sombrer. La conscience de la nation s’était obscurcie ; le pays semblait avoir perdu jusqu’au désir de vivre. Or voici que bientôt, sous l’influence d’une élite de penseurs, de poètes, d’hommes d’Église ou d’école, en tête desquels il faut placer l’éminent évêque et écrivain Grundtvig, le, « prophète du Nord, » la nation se ressaisit, elle retrouve son âme, et, l’organisme national réagissant avec vigueur sous l’influence des idées nouvelles, le peuple danois se redresse de toute son énergie pour reprendre peu à peu par le caractère et le travail, malgré les épreuves nouvelles qui l’attendent au milieu du siècle, l’une des premières places parmi les plus prospères des Etats. Retracer brièvement les lignes générales de ce relèvement, et la physionomie de son principal protagoniste, étudier ensuite ce