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ecclésiastique, comme nous avons vu plus haut, mais qu’encore ils fulminent contre une partie du clergé lui-même, contre ses mauvaises mœurs et ses vices et aussi contre les mauvaises mœurs et les vices des mauvais dévots. Contre les mauvais dévots, ils disent : Bourdaloue : « Un dévot intéressé est capable de tout ; prenez garde, capable de tout ; parce que, quelque dessein que la passion lui suggère, sa piété, ou plutôt l’estime où cette piété fastueuse l’établit, le met en état de réussir. Veut-il pousser une vengeance, rien ne lui résiste ; veut-il supplanter un adversaire, il est tout-puissant ; veut-il flétrir la réputation du prochain et le décrier, son seul témoignage ferait le procès à l’innocence même… »

Contre les princes de l’Église qui sont beaucoup plus princes qu’ils ne sont d’Église et contre tous les ecclésiastiques mondains, ils disent ; Bourdaloue : « Ont-ils satisfait à un office, qu’ils abrègent autant qu’il leur est possible et qu’ils récitent très légèrement, ils se tiennent quittes de tout… Ni pratiques de l’oraison, ni études des sciences divines : visites fréquentes, conversations inutiles, parties de divertissement, vie molle et par là, vie très dangereuse, exposée à tous les écueils où l’oisiveté peut conduire… ; mondains dans les affaires où ils s’emploient, vivant dans une agitation perpétuelle de procédures, de poursuites, de soins temporels ; mondains dans leurs habitudes et leurs sociétés, voulant être de toutes les assemblées, de tous les jeux, de tous les plaisirs, de tous les spectacles ; mondains dans leurs manières et leurs discours, affectant de se distinguer par des airs dissipés, par des paroles indécentes, par des excès de joie et des libertés dont ils se flattent qu’on les applaudit et dont ils se font un faux mérite ; mondains jusque dans leurs vêtemens et par où ? par toute la propreté, par tout l’ajustement, par tout le luxe qu’ils peuvent joindre à la simplicité évangélique… Ah ! Seigneur, sont-ce là les ministres que vous avez spécialement consacrés ? »

Le Père Genault, visant particulièrement les évêques non résidens et les prélats fastueux : « N’appréhendez-vous point que ces longues absences, qui ont pour prétexte quelque intérêt temporel et pour véritable cause un divertissement inutile, ne soient suivies du dérèglement de votre diocèse et n’attirent après elles la licence des ecclésiastiques et le scandale des séculiers ? Ne craignez-vous pas que cette pompe qui vous accompagne