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guerre. On a fait ressortir notamment l’inconvénient des escadres hétérogènes : pour rester groupés, il faut, en effet, que les bâtimens rapides limitent leur vitesse a, celle des plus lents de leurs compagnons ; d’autre part, l’amiral qui commande une de ces escadres a en main des outils de puissance inégale et est gêné dans son action par la nécessité de ne demander à chacun d’eux que ce qu’il peut faire. Il en est de même, dit-on, en aéronautique militaire, et il est déplorable de voir la diversité des modèles d’aéroplanes actuellement en service dans l’armée.

Ces critiques seraient certainement fondées s’il était possible, à l’heure actuelle, de proclamer la supériorité incontestable d’un type d’aéroplane sur un autre : mais ceux qui les formulent oublient que l’aviation est une chose bien nouvelle, et que les types d’appareils n’ont pas encore eu le temps d’être bien fixés. L’aviation se trouve aujourd’hui dans un état analogue à celui de l’automobilisme il y a une quinzaine d’années : il y avait alors des voitures mues par l’électricité, d’autres par la vapeur, d’autres par l’essence de pétrole ; parmi ces dernières, on voyait des moteurs à cylindre vertical, d’autres à cylindre horizontal, les uns étaient placés en avant, les autres en arrière, sous le siège des voyageurs ; la plus grande variété régnait dans les organes de transmission, les freins, les appareils de graissage et de carburation, etc. Peu à peu, les dispositions défectueuses ont été éliminées, celles dont l’expérience a démontré le bon fonctionnement ont été généralement adoptées, et aujourd’hui, à part la carrosserie qui varie à l’infini, tous les automobiles se ressemblent au point de vue mécanique ; tout au plus peut-on les grouper en trois ou quatre types différens, suivant qu’on cherche à obtenir surtout de la vitesse, ou de la capacité de transport, ou du confortable dans l’installation des voyageurs.

Il en sera certainement de même des aéroplanes dans quelque temps, mais aujourd’hui nous n’en sommes pas encore là. Si l’on demandait, à ceux qui reprochent à notre service d’aéronautique militaire de ne pas avoir un type uniforme d’appareils d’aviation, quel est le type qu’à leur avis on aurait dû adopter, ils seraient bien embarrassés pour répondre. Si on avait posé cette question, à la fin de 1908, non pas au suffrage universel, mais à celui des personnes compétentes, la grande majorité aurait répondu que c’était l’aéroplane Wright qui réalisait le type idéal. Six mois après, à la fin de