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Le cristallin de l’œil garantit contre les effets nocifs des rayons ultra-violets la rétine qui, en son absence, est attaquée par eux comme on l’a montré par des expériences sur les lapins. Le cristallin, en même temps qu’il absorbe ces rayons devient très vivement fluorescent sous leur action ; et on a actuellement de nombreuses raisons de croire que ce phénomène produit à la longue des modifications cellulaires de cette lentille visuelle, et diminue sa transparence. M. Terrien a cité divers cas de cataracte (on sait que celle-ci est une opacification du cristallin) produits par l’ultra-violet, et on a une tendance à croire actuellement que la cataracte sénile pourrait être due à une accumulation d’effets de ce genre. Il faudrait, pour en être tout à fait sûr, examiner si les statistiques indiquent une fréquence plus grande de la cataracte depuis l’emploi des lampes riches en rayons ultra-violets.

Il est évident en tout cas que la meilleure lumière artificielle au point de vue de l’hygiène de l’œil est la moins riche en ultra— violet. Par contre, c’est aussi la moins éclairante, puisque, comme nous l’avons vu, l’éclat des sources lumineuses est en général proportionnel à leur température et augmente en même temps que leur richesse en rayons très réfrangibles. Il faut donc se garantir le mieux possible contre les effets nocifs de nos lampes modernes qui toutes, — surtout les lampes à arc, — sont riches en ultra-violet. On a essayé dans ce dessein protéger les yeux par des verres de diverses couleurs ou fumés, mais c’est insuffisant ; on a construit aussi des verres spéciaux qui absorbent fortement l’ultra-violet, et notamment des verres contenant des substances fluorescentes comme l’esculine. On en obtient de très bons résultats.

L’ultra-violet agit très fortement sur la peau et produit des sortes de brûlures, qu’on a appelées « coups de soleil électriques. » Il n’est pas douteux que les coups de soleil si fréquens en montagne sont dus à la richesse plus grande en petites longueurs d’onde du rayonnement solaire aux altitudes notables. Comme la transparence à l’ultraviolet de notre atmosphère varie beaucoup d’un jour à l’autre, on s’explique aussi que l’on puisse recevoir des coups de soleil au niveau de la mer, certains jours qui en apparence ne diffèrent pas des autres. Enfin la neige et la glace ont un pouvoir réflecteur presque parfait pour l’ultra-violet de la lumière du jour, et cela nous aide à comprendre pourquoi les longues stations dans les champs de neige ou les glaciers produisent des brûlures du visage. La peau attaquée par l’ultra-violet se défend d’abord par une congestion des capillaires cutanés produisant une desquamation, puis par la formation de