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paroissiale dite de Saint-Pierre où tous les citoyens seront invités à se trouver par une proclamation qui sera publiée et affichée à cet effet. Là, en présence du public, de la municipalité et des notables, Grangier et Cahiou seront loués et félicités, au nom de la patrie, de leur courage et de leur zèle pour le salut des citoyens et on annoncera les récompenses que le département a cru devoir accorder à leur action. M. Joubert, juge de paix et membre du conseil général de la commune, est chargé de porter la parole dans cette occasion au nom de la municipalité... Le directoire du district de Montignac sera invité a cette cérémonie vraiment civique, afin de lui donner par sa présence plus d’appareil et plus d’éclat<ref> Registres de la municipalité (mairie de Montignac). </<ref>. »

Ainsi, pour le discours, on s’adressait à M. Joubert ; non que ce fussent là ses attributions : le maire semblait naturellement désigné pour le grand rôle d’orateur, dans cette fête municipale. Mais, sans doute, on se fiait à l’éloquence de M. Joubert, homme d’étude, ami des orateurs parisiens ; et l’on avait eu la bonne idée de croire que personne ne le vaudrait en la circonstance. C’est ainsi que Joubert, qui ne fut pas académicien, eut cependant à prononcer le premier discours sur les prix de vertu : ce noble usage, si fécond, préluda par les sauveteurs et, on le sait, continua pareillement. Un genre naît.

La fête se déroula comme elle avait été annoncée. Il faut imaginer, dans le cortège des conseillers municipaux et généraux qui accompagnent les deux héros de la cérémonie, le héros efficace et le héros d’intention, M. Joubert en beau costume. L’austère modestie que les législateurs imposaient premièrement aux juges de paix n’a point tenu. Dès la fin de mars, on leur a décerné l’uniforme que souhaitaient la plupart d’entre eux. Et M. Joubert, avec la culotte courte, porte l’habit à la française, le chapeau rond, relevé par le devant et surmonté d’un panache de plumes noires. Il a sur le côté gauche de l’habit, sur le cœur, un médaillon ovale, en étoffe, bordure rouge et, sur le fond bleu, cette inscription en lettres blanches : La loi et la paix. Le concours du peuple émerveillé regarde ces magistrats, ces administrateurs qui honorent magnifiquement la vertu populaire. On a choisi un jour férié, afin que tout le monde fût là, tout Montignac et les amis des communes voisines.