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ESQUISSES CONTEMPORAINES

M. ANATOLE FRANCE

II[1]
AVANT L’ « HISTOIRE CONTEMPORAINE »


I

C’est une dure tâche, quand on veut la bien remplir, que de suivre au jour le jour, dans une revue ou dans un journal, le mouvement littéraire. D’abord, pour un livre qu’on a cru devoir retenir, et dont on parlera, il en faut lire au moins dix dont on ne parlera pas. D’autre part, le livre dont on veut parler, il ne suffit pas d’en feuilleter la préface ou la table des matières ; il faut le lire à fond, la plume à la main, et souvent le relire. Si c’est une œuvre d’imagination, il faut, pour la bien comprendre et la juger avec exactitude, pouvoir la « situer » dans l’œuvre totale de son auteur, dans l’histoire du genre auquel elle appartient, dans l’ensemble de la production contemporaine : de là, pour préciser des impressions trop vagues ou des souvenirs trop effacés, bien des lectures parallèles ou convergentes. S’il s’agit d’un livre d’histoire ou de critique, il faut, pour en éprouver la solidité, étudier le sujet qu’il traite, et refaire une partie,

  1. Voyez la Revue du 1er octobre.