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remarquables qu’elle renferme dans les magnifiques planches en couleurs, qu’accompagnent des notices dues à divers critiques et écrivains d’art les plus autorisés.

Le nouveau volume de la Collection des Classiques de l’Art : Murillo[1] montre, reproduite par 287 gravures, la plus grande partie des œuvres du maître de Séville, dont on a pu dire qu’à l’exemple de Corrège, il a fait descendre le ciel sur la terre,— mais sans pousser, comme l’enchanteur de Parme, jusqu’à la mythologie, — et donné à ses madones une joliesse humaine, qui est autant de perdu pour le caractère divin, et à ses anges, même à ses enfans Jésus, une ressemblance inquiétante avec de petits Amours. Sur l’Espagne monacale et guerrière assombrie par les rigueurs de l’Inquisition, Murillo a le premier fait passer, dans un ciel d’airain, un sourire évangélique. Le peuple lui en a été reconnaissant. Nul peintre qui soit aussi populaire que lui dans la Péninsule. Ses tableaux religieux, puisés dans l’hagiographie autant que dans l’Évangile, dont il a peuplé les églises et couvens espagnols, et surtout sa Vie de la Vierge, qui lui a inspiré ses plus belles compositions, ont un charme, une puissance de séduction indéniables. Peintre plus gracieux que de robuste originalité, il n’est assurément ni un génie créateur, ni un artiste comparable à un Greco ou à un Ribeira, qui montrent la sainteté sous son côté austère, mde, tragique même, à un Velazquez ou à un Goya. Mais ses portraits, ses scènes de genre, ses vierges et ses saints portent profondément l’empreinte espagnole, dans la sincérité de l’observation des réalités les plus triviales. Il s’est toujours ressenti de l’influence des premières années où il confectionnait saints et saintes à la douzaine pour la feria, la célèbre foire du XVIIe siècle, où affluaient, à Séville, tous les trafiquans espagnols d’Ultramar : ils venaient s’approvisionner pour les églises du Nouveau Monde auprès des artistes sévillans qui, déjà, travaillaient pour l’Amérique. Une intéressante notice biographique ouvre cet album, qui se ferme sur un catalogue, par ordre chronologique d’après les sujets, des tableaux religieux, portraits, scènes de genre, de Murillo, de 1641 à la date de sa mort en 1682. Et, puisque nous venons de nommer Goya[2], on pourra faire la comparaison en parcourant l’album de ses eaux-fortes dans la série des Grands Graveurs, qui s’enrichit encore cette année d’un Van Dyck[3] .

Des livres d’un intérêt plus spécial, mais non moins sérieux, sont : le Style Louis XVI[4], de M. Seymour de Ricci, qui est comme la grammaire

  1. Hachette.
  2. Hachette.
  3. Hachette.
  4. Hachette.