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LA REINE HORTENSE
ET
LE PRINCE LOUIS

III [1]
L’INSURRECTION DES ROMAGNES
(FÉVRIER-MARS 1831)


Mercredi, 23 février.

La Reine était partie de Boncavento lasse et préoccupée. Elle arrive à l’âge où les femmes se font de tout des fantômes et retombent par instans dans des larmes d’enfant. Elle regrettait Rome, elle désirait Florence et cependant la redoutait.

D’ordinaire ses fils venaient au-devant d’elle jusqu’à la première poste, et elle ne les apercevait pas. L’aubergiste chez qui nous descendions la rassura un instant en disant qu’ils étaient tous deux bien portans et qu’elle allait les voir. Le valet de chambre du prince Louis, récitant une leçon apprise, disait au contraire que, sur l’avis d’un peintre venu de Rome, on avait cru à Florence que la Reine passerait par Pérouse : les princes s’étaient portés à sa rencontre par cette route, avec des passeports pour Arezzo. La princesse Charlotte, arrivée peu après, répéta la même chose en ajoutant que son mari n’avait pris que cinquante piastres avec soi, que les passeports n’étaient pas visés, qu’ainsi les deux frères s’arrêteraient par force à la frontière pour y attendre leur mère, et qu’avec un courrier il serait aisé de les faire revenir.

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 août.