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séculaire d’une trop docile soumission des âmes allemandes à notre « culture » latine. Décidément Henri Heine ne s’était pas trompé, ou plutôt l’étudiant « vieil-allemand » qui, un soir, dans une brasserie de Gœttingue, affirmait au poète de l’Intermezzo qu’un moment viendrait où l’Allemagne s’aviserait enfin de demander raison aux Français « de la mort de Conradin de Hohenstaufen, décapité par eux à Naples il y avait sept siècles. » Dans l’enivrement de son orgueil, l’Allemagne « qui n’oublie rien » a cru le moment venu où rien ne pouvait plus l’empêcher de « régler » avec nous ce vieux « compte- » là, et vingt autres pareils. N’entendions-nous pas, hier encore, des Oscar Stackmann de toute catégorie, une légion bruyante de privat-docent ou de « conseillers secrets, » revendiquer fièrement pour la politique, pour l’industrie, pour la science allemandes le privilège d’avoir désormais « ravi à Rome le secret qui jadis lui avait permis de dominer le monde ? »


T. DE WYZEWA.