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assez complètement peut-être, par égard pour de malheureuses villes belges, le bombardement systématique, méthodique, de tout port susceptible de receler, de ravitailler, de réparer les sous-marins allemands !

C’est qu’il faut bien se dire que de détruire leurs bases, d’opérations, c’est à peu près le seul, en tout cas le plus sûr moyen de venir à bout des sous-marins. Par définition même, ces engins dangereux échappent aux recherches tant qu’ils n’agissent pas offensivement. Encore, dans ce cas, ne les voit-on qu’au dernier moment, et pas toujours : cela dépend beaucoup de la disposition de leur périscope et de l’habileté de leur capitaine à se diriger sur son but, moyennant de brèves émersions de cet instrument de vision et de visée. Toutefois, comme une navigation de quelque durée ne se peut faire, en majeure partie, qu’à la surface, les bâtimens légers et rapides ont quelque chance de découvrir un sous-marin dans une mer resserrée comme la Manche. Nos contre-torpilleurs s’y emploient activement ; nos sous-marins aussi, parait-il, faute, sans doute, d’une utilisation mieux adaptée à leurs facultés. Mais découvrir n’est pas atteindre. Le plus souvent, le sous-marin qui se voit reconnu a le temps d’effectuer ses opérations de plongée. Il faut alors renoncer à tout espoir de le détruire, et l’anxiété renaît sur ce qu’il va bien pouvoir entreprendre...

Quand on veut se débarrasser une bonne fois des guêpes, on brûle leur nid. Je ne vois rien d’autre à faire ici de vraiment décisif.


Il ne serait point aussi facile aux Autrichiens de brûler le nid de guêpes qu’est Bizerte qu’aux Anglais de détruire celui qu’est Zéebrügge, — à supposer que ce soit facile [1]. Nos ennemis de l’Adriatique paraissent cependant fort préoccupés de l’activité qu’ont montrée, dans ces derniers temps, contre Pola, nos escadres légères et nos sous-marins. Toute l’Istrie leur parut menacée, certain jour, et les journaux italiens sont remplis des curieux détails de la panique qui régna chez les sommités militaires et

  1. Je n’ai pas la prétention d’en décider. J’ai noté seulement une correspondance de Belgique où l’on affirmait que les Allemands avaient été sur le point de tout abandonner à Zéebrügge, lors du dernier bombardement, qui fut intense et efficace. Malheureusement, le feu cessa trop tôt. Je rappelle, à cette occasion, que, pour obtenir la destruction totale d’un établissement militaire, il faut mettre du monde à terre, au moins temporairement.