Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/647

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les soins et secours nécessaires. Mais ce ne sont là, — sans du tout rabaisser leur valeur, — que des auxiliaires et des complémens de l’ambulance militaire proprement dite. Elle occupe en entier le vaste hall des marchandises. Tous les blessés et tous les malades y sont amenés de chaque train sanitaire ; les uns, pour être évacués sur les hôpitaux de Paris ou de la banlieue ; les autres, pour attendre la formation d’un nouveau train qui, après être passé à la gare régulatrice du Bourget, prendra la destination des hôpitaux fixes répartis dans toutes les provinces.

Ceux que les majors désignent pour être évacués partent le plus tôt possible, en une ou deux heures au plus ; c’est parmi eux que se recrutent nos chers hôtes. Depuis deux jours, on en accorde jusqu’à deux cents à la région de Paris ; précédemment, l’on n’en donnait que très peu et tout le monde a entendu les plaintes des infirmières de bonne volonté qui se consumaient d’impatience en leurs hôpitaux vides.

En attendant quelques heures, parfois un jour et même deux, le train qui les conduira plus loin, les autres reçoivent sur place les soins que réclame leur état. Cent cinquante lits leur sont destinés, ou plutôt, — car ils ne se déshabilleront pas, — cent cinquante « couchages. » L’extrémité de ce grand dortoir est réservée aux contagieux ; couvertures et paillasses y sont chaque jour passées à l’étuve. A l’autre bout, une petite cantine et un vague bureau avec une table et des chaises autour d’un petit poêle en fonte. Là se tiennent, aux heures de repos, les infirmières de garde. Aidées par des équipes d’infirmiers militaires, ce sont elles qui feront les pansemens sous la direction des majors. Elles ont, me disent-elles aussi, fort à se louer des boys-scouts du IXe arrondissement, toujours à leur service quand elles les appellent.

A leur tête se trouve la femme d’un industriel de la Courneuve, Mme G... Non contente de nourrir pendant la guerre les femmes et les enfans des employés de son mari, elle garde à sa charge les frais de l’ambulance. Mais son grand mérite a été de l’organiser. Tout marche aujourd’hui si bien qu’il n’y a plus d’inconvéniens à rappeler un passé dont personne, d’ailleurs, ne semble responsable. Dans les commencemens, c’était on ne peut plus simple : il n’existait rien. On regardait dans les wagons, et l’on descendait les soldats qui ne pouvaient plus attendre ou