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une recette aussi faible. Cette diminution est d’ailleurs due en grande partie aux abaissemens de tarifs édictés en octobre 1913 : car le volume des importations ne s’est pas sensiblement contracté. On sait qu’une des premières lois que le président Wilson fit voter après son arrivée au pouvoir fut celle qui établit une nouvelle échelle de droits.

Le total des recettes a été de 695 millions contre 734 l’an dernier. Les dépenses se sont élevées à 760 millions, d’où un déficit de 65 millions, dû pour moitié environ aux dépenses du Canal de Panama. Les dépenses publiques ont plus que doublé depuis 1897. Les États-Unis n’ont pas échappé à cette loi de progression qui s’est fait sentir chez presque toutes les nations civilisées. Ils ont eu jusqu’ici le mérite de faire face aux augmentations de dépenses en élevant les impôts et non pas en empruntant.

Si la Confédération a maintenu sa dette dans des limites modestes, il n’en a pas été de même des États particuliers. Celui de New-York, par exemple, doit aujourd’hui près de 150 millions de dollars, ce qui, pour 10 millions d’habitans, représente une charge de 15 dollars ou 80 francs par tête. La méthode d’emprunter est souvent défectueuse. Dans un rapport présenté le 26 juillet 1915 à la convention constitutionnelle d’Albany, capitale de l’État de New-York, M. Stimson préconise le système français des obligations remboursables par tirages annuels, répartis sur la période d’amortissement. Les États américains, comme la Confédération elle-même, ont pour habitude de contracter des emprunts remboursables en bloc à une date fixe. Dans ce cas, ou bien ils ne prévoient rien pour l’amortissement, ce qui a l’inconvénient d’exposer les générations futures à se trouver en face d’une lourde dette sans savoir comment elles la rembourseront ; ou bien ils constituent, dès l’origine, un fonds d’amortissement, qui est géré séparément et qui fait en général ressortir la charge réelle de l’emprunt à un chiffre bien plus élevé que le taux nominal auquel il a été contracté. M. Stimson se livre à cet égard à des calculs intéressans, qui démontrent que des sommes considérables auraient été économisées par l’État de New-York, s’il avait eu recours à l’émission d’obligations amortissables au moyen d’une annuité constante, d’après le système employé par les compagnies de chemins de fer français.