Essayons d’entrer dans l’âme de ces vieux Genevois qui conduisaient au cimetière de Plainpalais la dépouille de Jean Calvin.
Entre leurs souvenirs de la vingtième année et le spectacle qu’offrait aujourd’hui Genève, les différences étaient si grandes, les contrastes si décisifs, qu’il pouvait leur sembler avoir vécu deux vies. La cité marchande avait pris figure de citadelle. Le couvent des Clarisses, où, tout petits, ils s’en allaient avec leurs mères quêter des prières, était devenu un hôpital, où des malades agonisaient, sans qu’autour d’eux on priât comme jadis les Clarisses priaient. Les hautes murailles de l’ancien Evêché cachaient aujourd’hui des prisonniers, victimes, bien souvent, des sévérités du Consistoire, du nouveau pouvoir ecclésiastique. Les ateliers de sculpture, les magasins d’objets religieux, où s’attardaient autrefois les pieuses curiosités, avaient entièrement disparu ; reliquaires, statues saintes, tableaux de piété,
- ↑ Voyez la Revue du 15 juillet 1914.