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LA FRANCE D’AUJOURD’HUI
JUGÉE
PAR LES ÉTRANGERS

II.[1]
PENDANT LA GUERRE

Ne nous lassons pas d’interroger sur nous-mêmes les étrangers, surtout les neutres. Dans la grande crise que nous traversons, que pensent de nous ceux qui nous ont vus vivre ?


I

Adressons-nous d’abord à la Suisse. La Suisse est admirablement placée pour avoir sur les belligérans une opinion précise et raisonnée. Véritable carrefour des nations, partagée entre diverses langues, diverses races et diverses influences, limitée et comme cernée par la France, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, elle connaît bien tous ses voisins, qu’elle a pratiqués et étudiés de longue date. Très jalouse, et à juste titre, de son indépendance non seulement politique, mais intellectuelle et morale, d’autant plus jalouse peut-être qu’elle est un plus petit État, et qu’elle a plus à se défendre contre certaines « infiltrations » étrangères, elle offre, par sa situation même, par ses traditions aussi, des garanties d’équité et d’impartialité qui rendent son témoignage particulièrement précieux pour les

  1. Voyez la Revue du 1er mai.