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arrêté, c’est à ses ordres et à ses exigences qu’on le doit. Tout ce qu’il trouve à dire sur cette immense querelle qui, par sa faute certaine, a embrasé le monde, c’est que le peuple allemand a fait une fois de plus admirer ses vertus de peuple guerrier et victorieux. Ses vertus, le mot est là écrit en toutes lettres !... Ce n’est pas assez. « Les Prussiens et les Allemands qui avaient fait « figure de héros » dans les trois dernières guerres du siècle dernier, ont aujourd’hui dépasse toute attente par « leurs prodiges de persévérance et de courage. »

Et l’empereur Guillaume II ?... Ah ! pour le prince enthousiaste, comme ce monarque, qui porte le drapeau à la tête de la nation allemande, a une figure admirable ! Jamais la bravoure et la fidélité au devoir, traditionnelles dans la Maison des Hohenzollern, ne se sont affirmées avec autant d’éclat. Aussi, l’Empereur a-t-il contribué à consolider ainsi dans les masses l’attachement le plus profond au principe monarchique. Sans s’arrêter dans la voie de l’admiration et des éloges où il est entré, le prince de Bülow célèbre, sur le même ton, le corps des officiers allemands, « lequel défie toute comparaison » par des talens qui assurent la victoire à l’armée. L’auteur ne parle sans doute pas pour l’avenir. Il constate déjà, — et c’est la marque d’un esprit bien résolu, — les victoires présentes qu’il eût bien fait cependant d’énumérer. « L’Allemagne entière, s’écrie-t-il, s’incline avec respect et avec admiration devant la maîtrise du commandement de Hindenburg, vainqueur de la formidable armée russe. » Vient le tour des soldats qu’il fallait louer également sans réserves. « Ce qui restera le prodige de ce temps, dit M. de Bülow, c’est l’héroïsme de ce simple soldat allemand qui, arraché à son paisible labeur, à sa femme et à ses enfans, poursuit sans défaillance à travers les mois qui s’écoulent la sanglante et terrible besogne que requiert le salut de la patrie. » On ne peut certainement nier la bravoure et l’endurance de nos ennemis depuis près d’un millier de jours, mais en les reconnaissant, ne faut-il pas observer qu’à la sanglante et terrible besogne des combats, le soldat allemand, sur l’ordre de ces chefs tant vantés, a ajouté d’autres besognes qui entachent sa bravoure et qui resteront son éternel déshonneur ?

Qu’après cela le prince de Bülow vienne dire que si l’Allemagne sort victorieuse d’une lutte contre le monde entier, sa gratitude ira d’abord à ces braves qui ont préféré mourir plutôt