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UN CRIME ALLEMAND

LA DESTRUCTION DE COUCY

Coucy n’est plus. La merveille, unique au monde, a péri sans résurrection possible, détruite, sur le sol de France, par un ordre venu de la plus haute volonté qui trône encore sur l’Allemagne. Son illustration s’étendait sur tout le globe. Le chef-d’œuvre exaspérait les reconstructeurs et les exploitans des ruines truquées qui bordent le Rhin. Il meurt, comme notre Reims, tous deux, le temple et le donjon, trop beaux, trop expressifs, trop français. Il meurt d’un coup de basse lutte inavouable qui, sous le couvert du mensonge méthodique, satisfait l’envie d’un peuple et l’abjection de ses calculs.

Essayons d’évoquer la silhouette nivelée du grand colosse de pierre, de faire comprendre son armature, de rassembler quelques traits de la vie de ceux qui le bâtirent à leur image, connurent auprès de lui des ambitions exaltantes et les passions de leur temps, et qui, dans la sublime forteresse, simples seigneurs de France, et seuls tels, se sentirent égaux de tout empereur et de tout roi.


En d’autres temps, lorsqu’en belle saison picarde, les ponts de l’Oise traversés, et roulant sur la route libre, hors de Chauny vers l’Est, en remontant le cours de la petite rivière de l’Ailette,