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français, anglais et belge furent hissés ensemble sur la dernière place forte du Cameroun allemand, Yaoundé. Sur un autre front de la guerre coloniale, en Tunisie, la France a pu prêter un utile appui à ses alliés ; nous avons vu comment les troupes de notre Sud-tunisien s’étaient solidarisées avec celles de la Tripolitaine italienne. Bizerte, avec l’arsenal très moderne de Sidi-Abdallah, fut une base précieuse pour toutes les flottes de l’Entente, en combinaison avec Malte ; beaucoup de transports de troupes et de ravitaillemens ont été organisés à Bizerte ; c’est près de cette ville aussi que furent installés, reposés, reconstitués, la plupart des régimens de la vaillante armée serbe, recueillis à Corfou. Par Bizerte, nous touchons à la participation directe de nos colonies dans la grande guerre.


Cette participation s’est traduite de bien des manières : levées d’hommes, fabrication de matériel, prestations en nature et en argent ; la contribution coloniale, sous toutes ces formes, fut un concours puissant pour la métropole. Nous avons parlé plus haut des citoyens français résidant dans nos colonies, et dit comment ils s’étaient courageusement acquittés de leurs obligations militaires ; n’y revenons ici que pour signaler, à côté du leur, le zèle patriotique des Français habitant l’étranger ; ils ont rivalisé d’ardeur, ingénieurs, négocians, missionnaires, artisans, pour venir prendre leur place dans leurs régimens, sans souci des intérêts qu’ils laissaient derrière eux, parfois irrémédiablement compromis. Les indigènes de nos colonies ne pouvaient nous prêter un concours militaire du même ordre, puisqu’ils n’entrent dans l’armée (sauf exceptions particulières à la Tunisie et à l’Algérie) que par engagemens volontaires ; tel fut toujours le cas de nos vieux tirailleurs nord-africains, familièrement appelés Turcos, de nos Sénégalais, de nos Malgaches, de nos Indochinois et, plus récemment, de nos soldats des « troupes auxiliaires marocaines. » Nous avons rapidement dirigé sur le front, pendant l’été et l’automne de 1914, toutes les unités indigènes disponibles de l’Afrique du Nord (beaucoup tenaient campagne au Maroc) et de l’Afrique Occidentale ; la « division marocaine, » qui s’est couverte de gloire à la bataille de la Marne, comptait, à côté de militaires français, des fantassins indigènes du Maroc qui ne leur furent pas inférieurs.