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des Beaux-Arts dans l’atelier de Gérôme. Mais il ne pouvait s’astreindre à l’étude du modèle ; le soir chez lui il esquissait des compositions, sorties complètement de son cerveau. Il comprit bientôt que sa vocation ne le portait pas de ce côté, et avec sa femme, à Paris d’abord, puis en Suisse, il mena une existence sans contact avec qui que ce fût. « Une vie solitaire et contemplative, a-t-il dit, dans une maison silencieuse, devant un paysage silencieux, c’est le plus grand bonheur auquel je puisse penser. »

En 1887, il fut rappelé en Suède par la maladie de son père, qu’un matin de juin il trouva étendu, sans vie, sur le parquet de sa chambre.

Depuis longtemps, il aspirait à revoir le désert liquide du Vetter. « La pairie en haillons, où le paysan mord un pain noir et entend les pierres craquer sous le soc de sa charrue, » le rappelait vers elle, tandis qu’il était au milieu des splendeurs de l’Orient. On voit paraître cette pensée avec persistance dans son premier volume de vers. Pèlerinages et pérégrinations, qu’il publia en 1888 et qui le rendit célèbre de suite. Un grand poète lyrique s’annonçait. Les morceaux rassemblés à la fin du volume, sous le titre de « Pensées de la solitude, » étaient dignes de tout ce qu’il devait écrire de plus parfait ; ils sont composés avec la maîtrise d’un art déjà très sûr de lui-même ; des sentimens profonds et simples s’y expriment dans des vers courts, martelés. C’est par la précision que M. de Heidenstam sent classique ; il a rapporté d’Italie et de Grèce cette brièveté et cette élégance de forme qui frappent comme les traits essentiels de sa manière [1] »


A une époque où Verner de Heidenstam n’était pas encore en possession de toutes les ressources de son talent, il formulait

  1. Années de pèlerinages et de pérégrinations, 1888. — Du col de Tende au Blocksberg, 1888. — Renaissance, 1889. — Les Noces de Pépita, 1890. — Hans Allenus, 1892. — Poèmes, 1895. — L’Humeur suédoise, 1897. — Les Carolins, 1897-1898. — Classicisme et germanisme, 1898. — Pensées et esquisses, 1899. — Saint Georges et le dragon, 1900. — Le Pèlerinage de sainte Brigitte, 1901. — La Forêt murmure, 1904. — L’Arbre des Folkungar. I. Folke Filbyter, 1906. II. L’Héritage de Bjalbo, 190.3. — Les Suédois et leurs chefs, 1908-1910. — Dissolution et chute de la philosophie des prolétaires, 1911. — En souvenir de Carl de Wirsén, 1912. — Nouveaux Poèmes, 1915.