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montre son bobo à son bon papa afin qu’il souffle dessus pour en apaiser la douleur. En vérité, Mars le dieu des braves est un grand coquin et bien patient... Junon nettoie elle-même toutes les ordures de son corps avec de l’ambroisie : pauvre et misérable déesse, de n’avoir pas une femme de chambre pour la servir !... Junon met les chevaux au chariot pour conduire Minerve et lui servir de charton : voilà des déesses bien gueuses, de n’avoir pas un palefrenier !... Ce qui m’étonne encore dans la vie des héros de l’Iliade, c’est de voir Achille faire la cuisine et Patrocle lui servir de premier garçon : ils mettent la broche au feu, ils fricassent, ils font les sauces !... » Et que penser de Jupiter, quand Junon s’est parée de la ceinture de Vénus ? Il « se trouve soudainement épris d’un dérèglement indigne de sa qualité, qu’on n’approuverait pas en des personnes les plus débauchées. » Contemporain de Scarron, notre d’Aubignac s’amuse aux dépens des héros et des dieux. Pourtant, les Conjectures ne sont pas une œuvre burlesque : on y remarque beaucoup d’idées fines, quelques idées justes et, très souvent, la plus adroite invention critique. Les Conjectures sont le charmant badinage d’un lettre, mais un badinage.


M. Victor Bérard dénonce et prouve indiscutablement le mensonge de Wolf. « Les Prolégomènes, dit-il, sont une série d’imitations ou de plagiats, dissimulés par de véritables faux. » Wolf a copié d’Aubignac et l’a fait passer pour un fou. Il a copié d’Ansse de Villoison, Mérian, et s’est donné pour avoir découvert ce qu’il empruntait, ce qu’il volait à ces érudits. Voilà du travail allemand, du travail made in Germany, camelote et contrefaçon. « Je voudrais, conclut M. Victor Bérard, que chacun de nos érudits nous donnât son opinion motivée sur la valeur réelle de l’érudition allemande, sur ses procédés, ses découvertes et, particulièrement, ses relations avec les autres peuples et avec nous. Il est peu de nos spécialistes qui ne pourraient faire, dans les sujets qui leur sont le plus familiers et sur les plus bruyantes renommées de l’Allemagne, ce que je viens d’essayer pour Wolf et ses fameux Prolégomènes. » Ces lignes, d’un savant tel que M. Victor Bérard, et dont l’autorité n’est pas contestée, condamnent terriblement l’industrie érudite de ces Boches.

A ce jugement de M. Victor Bérard, qui révèle, dans la science allemande, l’insigne mauvaise foi et le même instinct de pillage que la « race de proie » possède et utilise en toute son activité, je crois qu’il faut ajouter, comme un autre caractère de la dite science allemande,