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quatre mois, une armée qui a résisté victorieusement aux attaques sans cesse renouvelées de l’ennemi et a supporté héroïquement les plus dures épreuves. A affirmé dans ce commandement, avec les plus brillantes qualités de chef, une énergie et une force de caractère qui ont puissamment influé sur le développement des opérations engagées sur tout le front. Après avoir enrayé l’avance de l’ennemi sur un objectif devenu l’enjeu moral de la guerre, a repris l’offensive pied à pied et, par des attaques répétées, est parvenu à dominer l’adversaire sur le terrain même que ce dernier avait choisi pour un effort décisif. » La bataille portée par lui sur Douaumont, les 22, 23 et 24 mai, pour détourner l’orage de la rive gauche menacée ; les batailles livrées par l’ennemi pour s’emparer de Souville, les 23 juin, 11 juillet, 1er août, 3 septembre ; Souville protégé et les innombrables opérations entreprises par nous pour rétablir notre ligne sur la crête Thiaumont-Fleury, au bois de Vaux-Chapitre et à la Laufée, pendant les mois de juillet et d’août, et pour assurer ainsi une base de départ aux opérations de plus grande envergure dès longtemps projetées ; tout cet effort surhumain pour endiguer le courant et pour le remonter, c’est la tâche accomplie devant Verdun.

A la sortie de l’écoute, comme le cortège officiel va se disloquer, le général Pétain s’avance, le visage rayonnant, vers son successeur au commandement de la IIe armée, et, lui tendant les bras, il lui donne l’accolade. Cette étreinte des deux chefs qui, successivement, ont tenu dans leurs mains le sort de Verdun et qui ont vu ce matin leur œuvre consacrée dans l’histoire, achève de donner à la cérémonie son plein sens et en complète l’émotion.

Les automobiles se sont éloignés. Ils ont franchi à nouveau la Porte Neuve. Aucun bombardement ne les a menacés. La brume qui recouvre l’horizon a empêché l’observation des avions ennemis. C’est une chance, car il est tombé dans la nuit plus de cinquante obus sur le quartier Chauffour choisi pour l’itinéraire. Verdun, pour sa fête, a été favorisée.


Avant de rentrer dans la citadelle, je veux revoir Verdun en ruines. Verdun appelle comme un blessé. Mon fidèle compagnon Louis Madelin et moi, nous gagnons la superstructure,