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opération qui va devenir la victoire de Douaumont-Vaux.

Le 21 octobre, le temps se lève, facilitant les observations par ballons et avions. Ainsi, le 21 février, s’était-il levé pour le grand départ allemand contre Verdun. La revanche est prête. Notre artillerie entre en action.

Sur tout l’immense champ de bataille ont retenti les nouvelles trompettes de Charlemagne. La terre tremble et les deux captifs, Douaumont et Vaux, attendent frissonnans…


II. — LA MAIRIE DE X…

X… est un gros village dont le bas est traversé par la route de Bar-le-Duc à Verdun et qui s’étage sur la pente de l’un de ces longs vallonnemens dont le pays de Meuse est parcouru. Son église le domine, et la petite flèche de son clocher s’aperçoit de très loin. Le paysage qui l’entoure fait alterner les boqueteaux et les prairies, les coteaux et les plaines. Les mouvemens de terrain, presque réguliers, semblent moutonner, comme les lentes vagues de l’Océan. La mairie, en retrait de la grande route, est un gros bâtiment carré, orné d’un fronton en arc de cercle et précédé d’un perron à double escalier massif. Devant ce monument banal, qui donc passera plus tard sans s’arrêter ? Car il est tout chargé d’histoire. C’est là que furent élaborés les plans de la bataille de Verdun, c’est de là que sont partis les ordres. Là le général de Castelnau reçut le 25 février 1916, par un temps de neige, le général Pétain qui venait prendre le commandement de l’armée de Verdun. Là, le général Pétain chargé d’enrayer les efforts que prononçait l’ennemi sur ce front, devant la puissance et le développement d’une attaque qui, de la rive droite, gagnait la rive gauche et s’étendait d’Avocourt aux Eparges, tantôt simultanément et tantôt successivement, prépara cette résistance célèbre qui devait rendre la rupture du front impossible. Là, le général Nivelle, prenant à son tour le 1er mai le commandement de la IIe armée, mit au point l’opération qui devait changer l’échec allemand en définitive victoire française et restituer à la place forte la ceinture intégrale de ses forts.

Dès le mois d’avril, il a jeté les yeux sur Douaumont. Il commandait alors le 3e corps. Il prend le secteur dans les conditions les plus défavorables ; l’ennemi vient de s’emparer du bois