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de la Caillette et descend dans le ravin du Bazil. Quelques jours plus tard, il lui faisait remonter les pentes et poussait jusqu’aux approches du grand fort ses postes d’écoute. En mai, quand l’ennemi prononce sur la rive gauche une offensive qui, momentanément, le met en possession de la cote 304, il libère cette rive gauche menacée par le moyen d’une attaque montée sur la rive droite qui réussit à s’emparer (22 mai) du fort de Douaumont où nous ne pouvons, il est vrai, nous maintenir. L’attaque a été menée par la 5e division (général Mangin). Douaumont repris a été reperdu.

— Nous le reprendrons, a déclaré simplement le général Nivelle, d’accord avec son chef immédiat, le général Pétain, commandant du groupe d’armées.

Voici que l’heure est venue. La méthode des offensives de détail, qui a donné en juillet, en août, en septembre de bons résultats, puisqu’elle nous a permis de réduire le saillant creusé dans nos lignes par les opérations allemandes du 23 juin, du 11 juillet, du 1er août et du 3 septembre, doit être abandonnée. Toute progression nous mettant en vue de l’ennemi, la position nouvelle serait immédiatement rendue intenable ; toute action de détail qui aurait réussi serait à reprendre fatalement. Seule une action à grande envergure qui reporterait notre ligne en avant et au delà de l’ancienne barrière des forts, ôterait à l’ennemi ses observatoires, nous restituerait la supériorité du terrain, libérerait définitivement Verdun. Ne pas se contenter de batailler pour reprendre Thiaumont ou la batterie de Damloup, mais emporter d’un seul élan Douaumont et Vaux et les ravins et les collines qui les entourent : tel est l’objectif. Au général Mangin a été confié le commandement des troupes d’attaque.

Cette vaste opération présente de graves difficultés. L’audace de sa conception doit plaire à celui qui, dès qu’il a mis les pieds sur la rive droite de la Meuse, a affirmé son esprit d’offensive. Le 5 avril, le commandant du 3e corps, rédigeant un de ses ordres, écrivait : « Jamais on ne voit la riposte immédiate qui renverse les rôles, le coup de poing donné par réflexe immédiat, en riposte au coup de poing reçu. » De l’assailli il entend faire l’assaillant. « Dans l’exécution de l’attaque, reprend-il le 21 avril, on n’est jamais trop audacieux. Avec de l’audace, rien d’impossible. » Mais à l’audace doit correspondre