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Au mois d’avril, avant de lancer une troupe à l’assaut, le général Nivelle écrivait dans un ordre du jour : « Que tous, avant de partir, aient jeté leur cœur par-dessus la tranchée ennemie. » Devenu commandant d’armée, il affirme, dans une note du 17 octobre, la puissance de l’ascendant moral : « Vingt-sept mois de guerre, dit-il, huit mois de bataille à Verdun ont affirmé et confirment tous les jours davantage la supériorité du soldat français sur le soldat allemand. Cette supériorité, dont il faut que tous aient conscience, est encore accrue par la diminution progressive de qualité des troupes que nous avons devant nous et dont beaucoup reviennent de la Somme très affaiblies au matériel comme au moral. Cette supériorité se manifeste par la facilité avec laquelle les prisonniers se sont rendus, aux dernières affaires, en groupes nombreux, même avant l’assaut... Aucun moment ne saurait donc être plus favorable pour attaquer l’ennemi, lui faire de nombreux prisonniers, mettre définitivement Verdun à l’abri de ses entreprises, abaisser encore le moral de la nation et de l’armée ennemies. Une artillerie d’une puissance exceptionnelle maîtrisera l’artillerie ennemie et ouvrira la voie aux troupes d’attaque. La préparation dans toutes ses parties est aussi complète, aussi parfaite que possible. Quant à l’exécution, elle ne saurait manquer d’être également parfaite, grâce à la discipline, à la bonne instruction, à la confiance et à l’entrain résolu des troupes qui auront l’honneur d’en être chargées. Leur volonté de vaincre, d’apporter un gage important de plus à la Victoire définitive, de couvrir leur drapeau de nouvelles gloires, rend un succès magnifique absolument certain. »

Cette préparation « aussi complète, aussi parfaite que possible » comporte, outre l’instruction et le moral des troupes, leur équipement, leur armement, leur transport rapide à pied d’œuvre afin que les relèves s’effectuent sans fatigue avant l’attaque. Les services d’arrière fournissent la remise à neuf de tous les équipemens, les vivres de réserve de la meilleure qualité et du moindre poids, les outils, les munitions ; et quant à l’armement nouveau, il est si complet qu’il permet à l’infanterie de résoudre par ses seuls ressources de nombreux problèmes du champ de bataille. Les transports auront leur part dans le succès, pour l’ordre et l’exactitude de leur marche, selon les horaires et les itinéraires fixés.