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notre flotte comme croiseurs auxiliaires, transports rapides de troupes, navires-hôpitaux, patrouilleurs, etc. Sans eux, les expéditions d’Orient eussent été impossibles et nous n’aurions pas pu rapatrier le XIXe corps dans des conditions si remarquables de rapidité.

Maintenant qu’il s’agit de reconstituer notre flotte marchande, il importe de laisser aux intéressés toute liberté d’allures dans le choix des types de navires qui leur conviennent. Telle Compagnie peut être outillée pour l’armement des tramps (on appelle ainsi les cargos qui n’effectuent pas de trajets réguliers), telle autre pour le service des passagers ou des émigrans. Chacune d’elles adaptera ses moyens d’action à la nature de sa clientèle. Ce qui est indéniable, c’est qu’il faut créer en France une puissante flotte de charge. Outre que nous l’obtiendrons plus rapidement que de grands paquebots luxueux, elle répondra à des nécessités plus urgentes lors de la cessation des hostilités. Il convient donc de nous associer aux résolutions récentes de l’Assemblée des Chambres de commerce. Celle-ci a émis le vœu « que le Parlement inscrive à son ordre du jour le plus promptement possible le projet de loi sur l’augmentation de la flotte de charge française et fournisse largement aux armateurs les avances prévues au projet ; qu’en attendant l’effet de cette législation, le Gouvernement facilite, par tous les moyens dont il dispose, l’achat ou l’affrètement en time charter des bateaux appartenant à des étrangers ; qu’il rende possible la remise en activité immédiate des chantiers de constructions navales français en leur permettant de s’approvisionner de matières premières et de main-d’œuvre, etc. » Je suis aussi heureux que flatté de constater que ce vœu confirme pleinement les propositions contenues dans mon précédent article [1].

Pour qu’il se réalise, il sera nécessaire d’adopter le système de la « construction en série, » dont on a beaucoup parlé dans ces derniers temps. On a constitué des commissions pour étudier ce très intéressant problème, mais nous ne croyons pas qu’on soit arrivé à le résoudre. Les avantages de la construction en série sont indéniables, ainsi que les réductions qui en résultent dans les prix de revient ; mais pour qu’un chantier se spécialise dans la production d’un tonnage déterminé, il a

  1. Voyez la Revue du 1er avril 1917.