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engherzige Auslegung) du traité d’alliance... En fin de compte, il a, du moins, empêché une déclaration formelle de neutralité et exigé que la Roumanie se décidât à défendre ses frontières. Une alliance avec la Russie a été aussi unanimement repoussée comme impossible.

Sa Majesté m’assura qu’Elle conservait le ferme espoir que la Roumanie aurait ainsi les mains libres dans l’avenir et trouverait même moyen d’entrer en action.


A ce rapport le comte Czernin joignait ses réflexions personnelles :


Ici on ne cherche qu’à gagner du temps jusqu’au jour où la guerre européenne aura donné des résultats. Si nous sommes vainqueurs (et c’est bien l’opinion du Roi), la Roumanie se joindra à nous, mais si, contre toute prévision, la fortune nous trahissait, alors le mot d’ordre : « partage de la monarchie » soulèvera de nouveau les passions contre nous, et la Roumanie s’unira à nos ennemis, mais je crois que le Roi abdiquerait plutôt que d’y consentir. Finalement, tout dépend de nos succès sur le théâtre de la guerre.


C’est ce que répète encore, le 8 août, le diplomate autrichien après une conversation avec M. Take Jonesco :


Ce personnage politique bien connu, qui possède une grande influence, est persuadé que la Roumanie restera neutre jusqu’à la fin de la guerre, tandis que M. Bratiano laisse entendre qu’elle pourrait marcher contre la Russie, mais jamais contre nous. Toutefois, il paraît préoccupé du rôle de l’Italie.


Chose curieuse, on ne constate pas, dans les rapports du comte Czernin, que l’opinion roumaine ait été ébranlée par la nouvelle, pourtant impressionnante, des premières victoires et de l’avance allemande sur notre territoire. En revanche, à la date du 13 septembre, il trouve Bratiano fortement impressionné par les succès des Russes en Galicie et il constate qu’un mouvement de plus en plus accentué se manifeste en faveur d’une coopération active avec l’Entente. « La situation s’aggrave de jour en jour, » écrit-il le 19 septembre.


La nouvelle de la retraite de notre armée a rendu plus vivace encore le désir de nous frapper à mort. On craint de laisser passer le moment et d’arriver trop tard pour prendre part à la curée de la monarchie (daher bei der « Aufteilung der Monarchie » nicht mehr mitspeisen zu können). Ce mouvement est naturellement attisé par