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Chez les parens, faiblesse, indulgence excessive, complaisance coupable, manquement aux devoirs les plus élémentaires de l’éducateur. Max est dans sa vingtième année : ce n’est pas un âge où les habitudes soient prises irrémédiablement et où il n’y ait plus rien à tenter. Au début de la pièce, il en est à sa première frasque. Son père, en lui parlant avec fermeté et bonté, d’homme à homme, pourrait sans doute beaucoup pour le retenir sur la pente où il ne fait que s’engager. C’est souvent le salut, pour un enfant en passe de mal tourner, de sentir près de lui une poigne énergique. Mais l’énergie, c’est ce dont manque surtout M. Hamelin. Je le soupçonne de trembler devant son fils, et d’être empêché par une sorte de peur de lui dire les choses nécessaires. Au surplus, il ne pense qu’à sa fille, à cette fille aimée avec une tendresse vraiment ridicule et en quelque sorte maladive. La sensibilité, sous cette forme et à ce degré, n’est plus qu’une absurde sensiblerie. M. Hamelin est le plus honnête homme de la terre, à cette nuance près qu’une telle débilité, chez un homme, le rend méprisable. Et la mère ? Croyez bien que je la plains de tout mon cœur. Elle n’a trouvé aucune aide chez son mari, à cette heure où l’éducation d’un fils devient difficile. Elle est seule à porter le poids d’une responsabilité qui ne devrait pas retomber sur elle. Sa tâche est lourde, trop lourde pour elle ; mais enfin elle est mère, que fait-elle pour s’acquitter de son devoir de mère ? Parler ferme à ce méchant gamin, elle y avait songé : elle y renonce. Le prendre par les sentimens, devenir sa camarade, entendre des choses qu’une mère ne doit pas entendre, c’est tout ce qu’elle a trouvée. Voilà de tristes éducateurs et des parens d’une bonté... à faire pitié.

Sécheresse de cœur chez les enfans, imbécillité chez les parens, l’une répond à l’autre. A gâter les enfans on en fait des enfans gâtés, et il est bien impossible qu’on en fasse autre chose. Est-ce là ce qu’a voulu montrer l’auteur ? Est-il l’austère moraliste qui prêche le retour à l’ancienne éducation ? Rien n’indique que tel ait été son dessein. Sa pièce se présente non pas du tout comme une pièce à thèse, mais comme une comédie d’observation. Il a voulu tout simplement ouvrir devant nous l’intérieur d’une famille française et nous inviter à regarder ce qui s’y passe. Il a peint nos mœurs, telles qu’il les a vues ou qu’il a cru les voir, et poussé cordialement la peinture au noir. C’est un genre de pièces que nous connaissons bien et dont on nous a régalés à des centaines d’exemplaires : celui-là même sur lequel on a coutume de nous juger à l’étranger, et