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REVUE SCIENTIFIQUE

L’AGRICULTURE ET LA RÉÉDUCATION DES BLESSÉS DE GUERRE.

Les questions dont je vais aujourd’hui entretenir mes lecteurs, la rééducation des blessés de guerre et la production agricole du pays, — problèmes en apparence disparates et que des circonstances récentes viennent de conjuguer de la façon la plus heureuse, — ces questions sont à l’heure présente d’un intérêt dont l’importance n’échappe à personne. À la dure leçon des faits, les milieux les plus dédaigneux naguère des contingences utilitaires et des questions économiques comprennent maintenant que les grandes nations ont besoin pour vivre de pain avant tout. L’éloquence elle-même, l’art, la poésie, les délicieux passe-temps de la métaphysique, la science pure cloîtrée dans sa tour d’ivoire, toutes ces fleurs charmantes de l’idéalisme ne peuvent s’épanouir librement que si l’arbre qui les porte plonge fortement dans le solide humus des réalités nourricières. L’expérience du passé montre que toujours les travaux délicats de l’esprit ont besoin, pour s’épanouir pleinement, de l’aisance des sociétés florissantes dans la liberté qu’elle seule apporte. Aujourd’hui tout le monde comprend chez nous que sinon la meilleure, du moins la plus essentielle façon de travailler pour l’idéal est d’abord de travailler pour le développement économique sans lequel il ne peut vivre, puisque nous ne sommes pas encore tout à fait des esprits purs. Personne ne doute plus maintenant chez nous de ces choses ; c’est un signe réconfortant.


Il y a un an, j’attirais ici même l’attention sur la nécessité de trouver des moyens énergiques et nouveaux pour mettre en valeur la