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und der nächste Krieg (1911), pour demander énergiquement qu’on se pressât de la faire.

Si le matérialisme dont les Allemands donnent actuellement des preuves effroyables se maintient parmi eux, il n’est pas douteux que la loi posée par Gœthe ne se vérifie à leur sujet, et que, d’eux-mêmes, tôt ou tard, ils ne courent à la dissolution et à la ruine.


…………… Sævior armis
Luxuria incubuit.


Que si, se ressaisissant, les Allemands viennent, au contraire, à réfléchir sur la crise actuelle avec quelque liberté d’esprit, il semble impossible qu’ils demeurent dans l’état d’âme où ils se trouvent en ce moment. Cet état se définit : une barbarie consciente et voulue. Or, quoi de plus paradoxal qu’une telle constitution mentale ? Il n’est pas douteux qu’il n’y ait, dans la prétention d’opérer la synthèse de la conscience humaine et de la barbarie, une sorte de démence de l’intelligence et de la volonté, qui, en soi, est un état d’âme absurde et instable. Comme, du feu et de l’eau, mis ensemble, l’un doit nécessairement supprimer l’autre, ainsi conscience et barbarie ne peuvent, indéfiniment, coexister. Asservie à la barbarie, la conscience est déshonorée et anéantie ; la barbarie déchaînée au nom de l’impératif catégorique, révolte, en fait, dans leurs momens de lucidité, chez les soldats allemands eux-mêmes, les consciences les plus fanatisées.

Quand et comment se résoudra l’antinomie ? nul ne peut le dire, puisqu’il s’agit ici d’une décision intérieure de l’âme. Mais il est permis de remarquer que l’état d’esprit où l’Allemagne voit la plus haute expression de son génie est, en soi, une chose monstrueuse, et que les monstres, selon les lois de la nature, tendent, d’eux-mêmes, à disparaître.

Bien que l’orientation future de l’Allemagne dépende, avant tout, du travail qui s’opérera au fond des consciences, il n’est que juste d’admettre que certains événemens extérieurs pourront exercer sur les dispositions des esprits une influence considérable. Parmi ces événemens, nul ne serait plus efficace que la persistance et le développement, dans les diverses parties du monde, de libres démocraties, conciliant, de façon manifestement durable, la liberté et le droit des individus avec l’ordre