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charme à mon fils le plus vite possible. Je vous recommande, mère, sur la tête de l’enfant, que ce soit fait bientôt. Je vous prie respectueusement de prendre ce soin sur vous.

Oh ! ma mère, si je pouvais maintenant vous voir, ne fût-ce que la moitié d’une garde de nuit, ou le soir en préparant le repas ! Je me rappelle les jours d’autrefois dans mes rêves ; mais quand je m’éveille, il y a le dormeur et l’endroit où il est couché, et tout cela est plus loin que Delhi. Mais Dieu accomplira les réunions et sûrement arrangera le retour.


Mère, penchez votre oreille et écoutez-moi sur ce point, ma mère. Il y a une chose dont je désire vous pénétrer fortement. Vous devez savoir que, parmi les recrues du régiment, il y a trop peu de musulmans de notre sorte. On envoie du Pendjab des recrues qui appartiennent au monde des cultivateurs et des ouvriers ordinaires. Il en résulte, au régiment, que nous, musulmans, nous trouvons inférieurs en nombre à ces gens de peu, et que los promotions sont faites en conséquence. Chacune de nos unités, ma mère, a été divisée en deux, c’est-à-dire qu’il y a quatre unités par escadron.

Nous, musulmans, devrions avoir au moins deux unités sur quatre, mais par suite du manque de recrues, nous n’avons pas assez d’hommes de notre sorte pour en former plus d’une. Or, mère, comme c’était du temps de nos pères, celui qui fournit les hommes obtient l’avancement. Donc, si nos amis, chez nous, et en particulier notre Pir-Murshid. voulaient s’efforcer de fournir quinze ou vingt recrues, je pourrais approcher mon colonel Sahib au sujet de ma promotion. Si mon colonel accueillait favorablement ma requête, alors, vous n’auriez plus, là-bas, qu’à vous occuper de fournir les hommes. Mais je crois, mère, qu’il n’y aurait aucune difficulté, si notre Pir-Murshid prenait lui-même l’affaire en mains et si le frère de mon père voulait bien s’y employer aussi. La famille est la famille, mère, fût-elle dispersée aux extrémités de la terre. On se rappelle encore au régiment le nom du frère de mon père à cause de son long service et de ses hauts faits de jadis. Dites-lui, ma mère, que les hommes parlent de lui chaque jour, comme s’il n’avait démissionné que d’hier. S’il parcourt à cheval les villages avec ses médailles, il fera certainement beaucoup de recrues dans notre classe. S’il y en avait cinquante, cela représenterait