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d’Haudromont sera donc le pivot de la bataille. Position rapprochée de notre front, elle peut suivre et enrayer toutes les tentatives que nous ferions sur Douaumont.

La crête Fleury-bois Nawé forme, on se souvient de l’image, le bras transversal de la croix dont la charpente principale est la crête ascendante de Froideterre au fort de Douaumont. A l’ouvrage de Thiaumont se fait la soudure. Après les combats acharnés du commencement de septembre, nous tenions cette crête jusqu’à la route de Fleury à Bras, sans avoir repris l’ouvrage de Thiaumont. Le bois Nawé rejoint le bois Chauffour au Nord-Ouest de Douaumont par un fouillis de mouvemens de terrain coupés de ravins : ravin de la Dame, ravin de la Couleuvre et plus en arrière ravin du Helly. Ces ravins coulent tous des pentes de Douaumont : le village est en contre-bas du fort et à l’Ouest.

Pour assurer la possession de Douaumont sur la gauche, il faut donc s’emparer de la carrière d’Haudromont, des ravins de la Dame et de la Couleuvre, de l’ouvrage et de la ferme de Thiaumont. L’attaque se fera par deux bataillons de chaque régiment accolés en première ligne, le 3e bataillon en réserve, les régimens de la gauche à la droite dans l’ordre et avec l’objectif suivant : 11e régiment d’infanterie (carrière d’Haudromont) ; 8e régiment de tirailleurs et 4e zouaves (ravins de la Dame et de la Couleuvre) ; 4e régiment mixte, zouaves et tirailleurs (ouvrage et ferme de Thiaumont, village de Douaumont). Quant au régiment colonial du Maroc, le fort lui est réservé.

La carrière d’Haudromont, au-dessus de la route de Douaumont à Bras, s’aperçoit de toutes les crêtes voisines, car elle découpe sur la colline argileuse, plus proche du sommet que de la base, un long rectangle clair de 2 à 300 mètres de longueur sur 50 ou 60 de largeur. Dans sa pierre calcaire qui est utilisée depuis bien des années par tous les bâtisseurs de la région, l’ennemi a creusé des abris, des casemates, des galeries qui défient les gros calibres, et il en a protégé les abords par des retranchemens et des flanquemens garnis de mitrailleuses. Au début de la bataille de Verdun, les troupes du 20e corps qui l’ont occupée l’avaient fortifiée en creusant en avant une tranchée qu’elles ont appelée du nom du général commandant le corps d’armée, tranchée Balfourier, et sur le flanc, courant du Sud au Nord, une seconde tranchée, la tranchée Nourrisson,