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du nom du divisionnaire. L’ensemble de ces travaux forme une sorte de vaste triangle dont la carrière serait la base. Perdue le 17 avril 1916, la carrière a été reprise le 21 mai, lors de notre offensive sur Douaumont, et reperdue le 24 avec le fort.

Le 11e régiment d’infanterie est composé de Corses et de Provençaux. C’est une troupe remuante, ardente, loquace et d’un élan gai. Son chef, le colonel de Partouneaux, est un brillant cavalier qui a commandé le 2e hussards (dont le premier colonel fut le cardinal de Richelieu) : lorsque les Allemands, battus aux Eparges en mars 1915, menèrent une violente offensive au mois d’avril suivant sur la tranchée de Calonne, il amena ses escadrons si promptement qu’il put barrer la route à l’ennemi. Plus tard, il fut chef d’état-major de la région fortifiée de Verdun. De là, il fut appelé au commandement d’un régiment d’infanterie. La tranchée de départ occupée par le 11e régiment est tournée vers l’Est et coupe à angle droit la route de Bras à Douaumont. A deux cents mètres environ, la tranchée Nourrisson lui fait face, que rencontre en oblique la tranchée Balfourier ; la carrière ferme le triangle. Le bataillon Martel est chargé de se jeter sur la tranchée Nourrisson et de gagner de là la tranchée Balfourier, tandis que le bataillon Négrié fera l’assaut de la carrière. Les hommes sont si impatiens de partir qu’ils devancent de deux minutes l’heure prescrite. La tranchée Nourrisson est vide, la tranchée Balfourier se défend, mais elle est débordée et dépassée, et d’ailleurs si bouleversée qu’il est assez malaisé de la reconnaître. Il faudra revenir en arrière, la déblayer pour s’y installer et donner la main au 2e bataillon (Négrié) qui attaque la carrière. La 5e et la 7e compagnie de ce bataillon montent à l’assaut en entonnant le couplet de la Marseillaise un peu modifié :


Nous entrerons dans la carrière
Quand les Boches n’y seront plus...


Les Boches y sont encore et pourraient y opposer une défense redoutable et prolongée, s’ils n’étaient surpris et désemparés. Il faut avant toutes choses paralyser l’action des mitrailleuses qui suffiraient à faire avorter l’opération. Le sous-lieutenant Sergent aborde avec sa section le blockhaus par le Sud : une douzaine d’Allemands sortaient à cet instant pour servir les pièces ; le feldwebel qui les conduisait est tué, les autres se