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baisent l’épaule et l’assurent par les démonstrations les plus vives de leur bonheur de se mesurer enfin avec l’ennemi de la France, de le combattre jusqu’à la victoire et de mourir pour leur patrie d’adoption. Magnifique spectacle que rendait plus émouvant encore l’instant précis où il s’accomplissait. »

La première vague est composée de grenadiers et de fusiliers, la deuxième de voltigeurs et de fusiliers. Presque dès le départ, des mitrailleuses ennemies, dissimulées dans des trous d’obus, entrent en action. Tandis que des groupes de grenadiers les prennent à partie, la progression continue « sans être retardée par ces petits incidens : les vagues déferlent à la même allure, les prisonniers affluent et sont dirigés vers l’arrière en véritable troupeau. » — « Le franchissement des premières tranchées allemandes, écrit le capitaine Lecocq qui commande la 19e compagnie, se fit sans difficultés. La vague de renfort resta formée en petites colonnes pendant toute la durée de l’assaut, et chacune de celles-ci trouva facilement un point de passage. La première vague fut un peu disloquée (les hommes étant obligés de descendre et de remonter pour franchir les tranchées), mais se remit très rapidement en ordre. L’ennemi n’offrit aucune résistance digne de soldats, mais au contraire se rendit en masse. Les prisonniers qui ne furent pas dénombrés furent immédiatement dirigés vers l’arrière ; la soudaineté de l’assaut les avait rendus fous de terreur, » Les abris ennemis, dans les ravins de la Dame et de la Couleuvre, regorgeaient d’habitans qui pensaient éviter les ennuis de notre bombardement. On les ramassa en paquets. Au ravin de la Couleuvre, un chef de bataillon fut capturé avec tout son état-major.

Cependant un groupe ennemi escortant une mitrailleuse bat en retraite méthodiquement, s’arrêtant tous les cinquante pas pour remettre la pièce en batterie. Mais les grenadiers, courant sur ses flancs, parviennent à le dépasser et le prennent à revers : le servant avait sa mitrailleuse amarrée au poignet. Un poste téléphonique oppose une résistance acharnée à une section de la 6e compagnie dont le sous-lieutenant Terson a pris le commandement après la mort de son capitaine : trois de nos hommes réussissent à pénétrer à l’intérieur où ils sont grièvement blessés par l’explosion d’une mine dans le moment qu’ils coupaient les fils des appareils. Au delà du ravin de la Couleuvre conquis, une patrouille pousse jusqu’au ravin du