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Helly où elle ne découvre personne, mais nos barrages ne permettent pas d’aller plus avant. Le sous-lieutenant Gilbert, avec une fraction de sa compagnie, se porte au delà de la route de Douaumont à Bras, trouve quatre pièces de 17 et un obusier de 150 que notre artillerie a plus ou moins détériorés : ne pouvant les ramener, il achève de les mettre hors de service avec les pétards qu’il a emportés et avec des grenades qu’il allume et glisse dans l’âme des canons par leur bouche. Le combat s’achève dans ces épisodes, tandis que le gros des tirailleurs s’installe au Sud de la route de Bras et entreprend sans retard l’organisation de la position conquise.


Le 4e zouaves (lieutenant-colonel Richaud) a sa bonne part dans la conquête des ravins aux pentes abruptes et perfides de la Dame et de la Couleuvre. Déjà, au début de septembre, il avait contribué à arrêter la dernière des offensives allemandes sur Souville par les bois de Veaux-Chapitre et la Haie-Renard. Dans son rapport sur les événemens de la journée, le lieutenant-colonel Richaud, — chef au regard clair, à l’autorité ferme et paternelle ensemble, mettant en regard l’attitude de ses zouaves et celle de leurs adversaires, — compose, sans l’avoir cherché, le plus pittoresque des diptyques : « Les nombreux Allemands faits prisonniers dans les ravins de la Dame et de la Couleuvre témoignent pour la plupart d’un ahurissement complet comme s’ils ne s’étaient nullement attendus à notre attaque... Un officier supérieur, sorti en hâte de son abri à l’appel de l’adjudant Caillard, apparaît en culotte, sans molletières, tenant à la main ces dernières qu’il offre à l’adjudant en criant : « Chef de corps ! chef de corps ! » Un vaguemestre était en train de procéder au triage des lettres ; il sort de son trou, les yeux hagards, les deux bras levés, brandissant d’une main sa boite aux lettres, de l’autre une liasse d’enveloppes et s’écrie d’une voix suppliante : « Pardon ! pardon, Monsieur ! » Il est d’ailleurs à remarquer que la plupart criaient : « Pardon ! » plus encore que : « Camarades. » Voilà en propres traits le fantassin allemand de 1916, tel que l’attaque des lignes de Douaumont nous le révèle... » Quel réconfortant spectacle offre par contraste l’autre panneau ! « Avant l’attaque, pendant l’assaut, dans l’organisation des positions conquises, le zouave demeure toujours égal à lui-même,