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couple désigné par la poésie, le zouave de Douaumont, dans la sévère épopée de Verdun, représentera le divertissement d’usage.


Le 4e régiment mixte, zouaves et tirailleurs (lieutenant-colonel Vernois), doit s’emparer en deux bonds de toutes les organisations défensives de la crête de Thiaumont au village de Douaumont. Ayant à enlever deux objectifs successifs qui paraissaient présenter les mêmes difficultés, le colonel prit la décision de confier chaque mission à un bataillon, réservant au bataillon indigène, dont l’élan au cours d’un assaut est remarquable, l’enlèvement du premier objectif (jusqu’au sommet de la crête entre les ravins de la Dame et de la Couleuvre) et confiant au bataillon de zouaves la conquête du deuxième objectif (lisière Nord du village de Douaumont) qui semblait devoir exiger l’emploi d’une troupe plus manœuvriers. Le dispositif adopté fut celui-ci : le 6e bataillon de tirailleurs indigènes en tête, puis le 6e bataillon de zouaves, — le 3e bataillon de tirailleurs restant en réserve, — chaque bataillon en colonne double, les compagnies formées également en colonne double, les compagnies de mitrailleuses échelonnant leurs sections sur les flancs.

A l’heure prescrite, les tirailleurs, entraînés par leur chef, le commandant Maffrey, s’élancèrent d’un seul bond hors des tranchées. Malgré les difficultés de parcours d’un terrain argileux qui, sur la crête de Fleury, est particulièrement détrempé et bouleversé, ils franchissent sans arrêt le tir de barrage adverse et atteignent en quelques minutes les premières tranchées ennemies. L’ouvrage de Thiaumont est débordé sur la droite par la section de l’aspirant Baylot, soutenue par la section du sous-lieutenant Ali en renfort, tandis que les deux sections des adjudans Beaufrère et Delbecq marchent droit sur l’ouvrage. L’aspirant Baylot arrive le premier : il se-heurte à la résistance de sept Allemands terrés dans un abri à moitié éboulé. Le premier qu’il aperçoit à l’entrée de l’abri lève les bras, comme s’il « faisait Kamarad, » tandis que le deuxième le met en joue. Sans perdre son sang-froid, l’aspirant se couche et, à coups de revolver et de grenades, il nettoie l’abri. L’ouvrage est emporté, la marche continue sur la ferme de Thiaumont.