Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/576

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

difficulté s’ajoute celle du brouillard, qui complique les liaisons. Cependant la manœuvre s’exécute au mieux. Le second objectif doit porter la division jusqu’à la tourelle qui se trouve à l’Est du fort, aux pentes Nord et Est du ravin de la Fausse-Côte et à l’Ouest de l’étang de Vaux. Il décrit une ligne légèrement incurvée sur la droite, selon la forme même du ravin. Des crêtes occupées il faut donc descendre dans les fonds, puis remonter les pentes.

La division est composée de deux groupemens : à gauche le groupement Anselin comprenant le 321e régiment (lieutenant-colonel Picard), le 36e bataillon de tirailleurs sénégalais dont les compagnies sont intercalées entre celles du 321e, les 116e bataillon de chasseurs (commandant Raoult) et 102e (commandant Florentin) réunis sous le commandement du lieutenant-colonel Hutin ; à droite le groupement Doreau, avec le 107e bataillon de chasseurs (commandant Pintiaux) et le 401e régiment d’infanterie (lieutenant-colonel Bouchez) ; en réserve, le 32e bataillon de chasseurs (commandant Wendling). Le général Anselin, inspectant ses troupes, avait constaté la veille : « L’enthousiasme des hommes est émouvant. » On sait qu’il fut tué, comme il revenait à son poste de Fleury, une heure avant l’action. Le colonel Hutin prend sa place, remplacé lui-même par le commandant Raoult, qui espérait avoir l’honneur de mener personnellement à l’assaut son bataillon de chasseurs.

Au départ, les compagnies du 321e ont à traverser la crête glaiseuse de Fleury qui est, par elle-même, un obstacle. Elles la franchissent sans arrêt, avant que le barrage ennemi s’abatte sur Fleury. D’ailleurs, l’artillerie allemande, sans vues et sans renseignemens, laisse la zone entre Fleury et la voie ferrée à peu près indemne. En raison des difficultés de terrain et des résistances escomptées, spécialement pour la prise du deuxième objectif, le colonel Picard a fortement organisé le commandement de la troupe d’assaut : « Estimant que l’action des chefs était limitée en largeur à la vue directe de leurs élémens, quatre groupemens étroits, mais échelonnés en profondeur, étaient confiés à trois officiers supérieurs et un capitaine adjudant- major, les troupes noires encadrées entre les unités du 321e. Ce dispositif très simple avait été pris dès le départ par les élémens de deuxième ligne qui devaient simplement rafler au passage du premier objectif les unités de soutien des bataillons de première