Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/597

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grenade au cours de laquelle un sous-lieutenant du génie fut blessé, avaient été rapidement surmontées. Vers vingt heures, le capitaine Perroud venait rendre compte que sa mission était terminée et qu’il était entièrement maître de l’infrastructure du fort. Il avait fait une trentaine de prisonniers dont quatre officiers. Une vingtaine de Boches avaient en outre été pris dans le coffre Nord de la contrescarpe par le détachement mixte coloniaux-génie du sergent Fainot de la 1re compagnie. Le chef de bataillon se rendit aussitôt auprès des prisonniers pour séparer les officiers de leur troupe, et il visita le fort, guidé par le hauptmann Prollius, de l’artillerie, commandant intérimaire en l’absence du titulaire parti à temps en permission. »

Cet heureux permissionnaire était le major Marquardsen. Le capitaine d’artillerie Prollius, chef-observateur dans le secteur de la division, s’était réfugié dans le bureau de la Kommandantur avec un médecin-major et deux officiers, lorsque Perroud entreprit le nettoyage des sous-sols. Les quatre officiers ne firent aucune difficulté pour se rendre. Le commandant intérimaire déclara qu’il ne croyait pas à une progression si rapide de notre attaque : le fort lui paraissait hors d’atteinte. Il confirma l’explosion produite la veille par un obus de 400 : à la suite de cette explosion, une partie de la garnison avait évacué le fort. Lui-même n’y était rentré que dans la matinée et pensait remettre les défenses en état quand les marsouins étaient arrivés. En outre, il informe le commandant Nicolaÿ qu’un incendie, allumé la veille, continue de couver dans le voisinage d’un dépôt de 6 000 grenades. Ses hommes faits prisonniers aident les coloniaux à l’éteindre.

La visite intérieure du fort offre un spectacle lugubre. Le hauptmann Prollius marche le premier, suivi de près et dominé par la haute taille du commandant Nicolaÿ. C’est tout un monde de couloirs, de casemates, de salles, que cet intérieur. Le commandant Raynal, à Vaux, a tenu cinq jours dans un réduit moins vaste, moins aéré, moins aisé à défendre. Les murs sont intacts, sauf une voûte défoncée. Une odeur nauséabonde accompagne les visiteurs. Les corridors sont dans un état de saleté repoussant. Les chambrées sont dans le plus grand désordre : armes et équipemens abandonnés gisent en tas. Toutes les inscriptions des murs ont été repeintes en allemand. Voici une salle qui a voulu résister ; elle est bondée