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plus particulièrement israélite, quoiqu’il reste très libéral. Et cela est tout naturel. Les écoles de l’Alliance ont été le grand agent de l’émancipation juive, en Orient. Elles ont sauvé de la misère et des ténèbres une immense population très laborieuse, très intelligente, tout à fait digne d’intérêt et que des siècles d’oppression avaient conduite à la plus lamentable déchéance.

L’Alliance Israélite universelle est née à Paris, en 1860. Elle a reçu de la France l’initiation intellectuelle et le merveilleux instrument qu’est notre langue. Mille liens de tradition, d’affection, d’intérêt, la rattachent à notre pays qu’elle n’a pas cessé d’aimer et de servir. Son action s’est étendue aux deux extrémités de la Méditerranée, de Tétouan à Bagdad, en Perse, en Mésopotamie, en Syrie, en Palestine, en Anatolie, en Egypte, en Grèce, dans les Balkans et dans toute l’Afrique du Nord. Elle a fondé des écoles d’agriculture dans les régions agricoles, des écoles professionnelles et commerciales un peu partout. Elle envoie même des colons en Argentine et au Brésil. Sous son impulsion et avec l’aide des riches familles de la ville, Allatini, Xehama, Perera, Modiano, Fernandez, la communauté salonicienne a retrouvé une énergie perdue pendant les années de souffrance et de servitude, La mortalité effrayante a diminué ; le soleil a pénétré dans l’obscur ghetto, avec la lumière spirituelle. Le sang d’Israël, usé par la vie sédentaire des bureaux, a voulu se renouveler et se rajeunir.

Les maîtres des écoles de l’Alliance sont d’anciens élèves de ces mêmes écoles qui ont montré, au cours de leurs études, quelques aptitudes pédagogiques. L’Alliance les envoie à Paris. dans sa maison de la rue d’Auteuil où ils passent quatre années et prennent les diplômes élémentaire et supérieur, tout en s’initiant à la vie et aux idées françaises. Les futures institutrices ont une maison du même genre, à Paris.

On voit quelle est l’importance de l’Alliance Israélite au point de vue de notre influence en Orient, et spécialement à Salonique. Les écoles grecques officielles, — Stephanos Noucas et Athanase Constantinidès. — ont inscrit l’étude de notre langue dans leurs programmes, mais elles donnent, naturellement, la plus grande part au grec, tandis que dans les écoles israélites le français est la première langue et le grec ne vient qu’en second. Il paraît que la susceptibilité de quelques Hellènes s’en est émue et que, depuis la conquête, le français trouve une