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un peu pâlottes, comme leurs camarades de l’Alliance israélite, comme tous les enfans saloniciens. Je remarque beaucoup de blondes.

C’est la classe enfantine. Une jeune femme fait exécuter, à ces demoiselles deunmehs de cinq à six ans, les exercices Froebel, exercices de pliage, de dessin, de calcul, et de danse. Deux petites filles se prennent par la main, virevoltent et saluent, en chantant... Et je reconnais leur petite chanson qui n’a rien de turc ni d’arabe, et que tous les petits Parisiens de la « maternelle » savent par cœur. C’est les Papillons de Maurice Bouchor !

Dans les classes supérieures, les élèves sont de grandes jeunes filles de seize à dix-huit ans. Elles portent le tchartchaf noir, par-dessus leur robe, mais leur visage est découvert. Quelques-unes sont jolies, avec de grands yeux languissans et impénétrables.

Elles me montrent leurs cahiers, leurs livres, leurs ouvrages de broderie ; puis elles commencent ces récitations abondantes que les visiteurs, dans toutes les écoles du Levant, doivent écouter sans mesurer le temps qui passe... La Conscience, Mon père, ce héros... la Mort du Loup... et bien d’autres poèmes encore ! Pour terminer, la Marseillaise.

Après cela, j’aurais mauvaise grâce à ne pas louer, comme il convient, la persévérance des maîtres qui sans aide, sans protection, sans subside, enseignent à toute cette jeunesse la connaissance et l’amour du français.


MARCELLE TINAYRE.