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les très grands submersibles dont je parlais à cette époque ? On l’a nié. Voici qu’il est de nouveau question de ces bâtimens, dont le tonnage peut varier entre 2 500 et 5 000 tonnes. Cela ne saurait surprendre quand on réfléchit que l’entrée en lice des Etats-Unis étend singulièrement le champ des opérations maritimes, et en même temps prive nos adversaires des bénéfices de certaines complaisances particulièrement favorables à leurs sous-marins. N’apprenons-nous pas, à l’heure où j’écris, qu’une compagnie de navigation américaine desservant les Antilles et l’Amérique du Sud, se faisait un devoir de desservir aussi les submersibles allemands en croisière dans ces parages ? On y a mis bon ordre. Mais n’est-il pas curieux de constater qu’il faut qu’un neutre, — et même un neutre plutôt hostile, déjà, à l’Allemagne, — prenne décidément parti en faveur de l’Entente pour être en mesure de supprimer complètement de tels trafics ? Que l’on s’étonne, après cela, des secours que trouvent chez certains Espagnols, par exemple, les sous-marins de la Méditerranée occidentale et du golfe de Biscaye !

Tant y a qu’il paraît acquis que le rayon d’action, — et donc le tonnage, — des navires de plongée allemands augmente toujours. C’est ce que déclarait, le 9 mai, au Reichstag, l’amiral von Capelle, élève et successeur de l’amiral von Tirpitz.

Le nombre de ces bâtimens augmente aussi en dépit de pertes croissantes que le ministre allemand reconnaît avec une assez méritoire sincérité. Et, en définitive. Allemands et Anglais, — toujours véridiques, ceux-ci, — se trouvent d’accord sur les grandes lignes d’une situation que l’on peut définir de la manière suivante :

Pour les sous-marins, la construction reste en avance sur la destruction ;

Pour les navires de commerce anglais, c’est la destruction qui l’emporte.

Nous verrons tout à l’heure quelles conclusions il convient de tirer de ces deux faits. Revenons à l’examen des moyens d’action de l’ennemi, ou plutôt voyons, maintenant, quelles sont les méthodes d’emploi de ces moyens.

On se rappelle que la déclaration de la Wilhelmstrasse, en date du 31 janvier 1917, aggravait singulièrement les dispositions édictées par le gouvernement impérial en février 1915. La zone interdite, jusque là réduite à peu près aux eaux territoriales