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REVUE MUSICALE

UN GRAND MÉCONNU — MUZIO CLEMENTI


Clementi : Vingt sonates et caprices, choisis et précédés d’une préface et de notes historiques, par T. de Wyzewa ; révisés, doigtés et annotés par M. A, Gastoué. Chez Maurice Senart et Cie ; Paris, 20, rue du Dragon, (Édition nationale de musique classique.)


Une dernière fois, presque à la veille de sa mort, notre très regretté confrère et voisin de Revue, Teodor de Wyzewa, a bien mérité de la musique et des musiciens. L’érudit, le lettré qu’il était savait toutes les langues. Mais aucune peut-être ne fut mieux connue et plus aimée que la musique par l’artiste qu’il était également. Il se plaisait à chercher la trace ou l’écho de la musique jusque dans la littérature et la poésie. N’était-ce pas hier, et pour les lecteurs de la Revue, que Wyzewa définissait ou traduisait en termes empruntés à l’histoire de la musique, — et de la musique de Mozart, — le titre, mystérieux à première vue, de « Licenza, » donné par Gabriele d’Annunzio à ses admirables Impressions de guerre. Signalant ensuite, non plus au dehors, mais au dedans, au fond même de ces pages, l’harmonieuse analogie dont se compose leur double beauté, le critique musicien ajoutait : « Il faut savoir que, pour émouvans et pour « actuels » que soient les sujets traités par l’illustre écrivain dans ce long « appendice » de sa Léda sans le cygne, ces sujets sont souvent traités d’une manière pour ainsi dire purement « musicale, » ou bien entremêlés d’intermèdes où les mots ne tâchent absolument qu’à faire fonction de « musique. » Jamais encore, je crois, dans aucune de ses œuvres en prose, M. d’Annunzio ne s’est aussi pleinement abandonné à sa conception favorite d’un emploi tout lyrique de sa langue natale.