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Vaux que les deux bataillons de chasseurs attaqueront de front. Mais le mouvement ne peut s’exécuter, à cause de ce qui se passe sur la droite, à la tranchée Clausewitz et au Petit Dépôt. Contre-ordre est donné : les compagnies se fortifient surplace en reliant par des tranchées les trous d’obus. La fin de la journée du 24 et la nuit du 24 au 25 sont utilisées pour ces travaux.


La résistance de l’ennemi au centre de la ligne, c’est-à-dire aux tranchées Clausewitz et Seydlitz et à l’ouvrage du Petit Dépôt qui dépasse à peine le sol à droite de la route du fort et qui contient des abris pour un bataillon entier, fait échouer l’attaque directe préparée sur le fort de Vaux. Pour cette attaque directe, le groupe des deux bataillons de chasseurs, le 50e et le 71e, rassemblés sous le commandement du lieutenant-colonel Desportes, a été réservé ; mais il faut, avant qu’il soit lancé, qu’il trouve place nette devant lui. Or, si le 230e a progressé péniblement jusqu’à la tranchée Gotha qu’il n’a pu réduire, si le 333e s’est emparé brillamment de la tranchée de Moltke et des Grandes Carrières, il a été impossible au 299e régiment (lieutenant-colonel Vidal) de remplir sa mission dans le temps fixé. Le bataillon Casella du 299e lance ses vagues d’assaut sur les tranchées Clausewitz et Seydlitz qui sont malheureusement intactes, garnies de fils de fer et protégées par des mitrailleuses. Il ne parvient à pénétrer que dans un élément d’où il renvoie à l’arrière un officier et une vingtaine de prisonniers. La lutte se prolonge. L’aide d’une compagnie du 71e bataillon de chasseurs achève la prise de Clausewitz, mais après plusieurs heures. Reste le Petit Dépôt. Le bataillon Casella ne peut l’aborder à cause de ses mitrailleuses. Il faut que le 71e bataillon de chasseurs le contourne par l’Ouest, tandis que le bataillon Picandet du 299e le déborde par le Nord-Est, après avoir détruit une section de mitrailleuses, flambé un dépôt de munitions, dépassé un blockhaus. Mais à l’heure tardive (minuit) de ce succès chèrement payé, on ne peut plus songer à l’attaque du fort.

Il y faut d’autant moins songer que les deux bataillons de chasseurs, destinés à l’assaut, ont beaucoup souffert. Le bombardement de l’ennemi, sur toute cette région de Vaux, a été continu, effroyable, meurtrier, comme s’il n’avait vu dans